La guerre entraîne un bouleversement des repères et place la relation entre la morale et l’action au cœur du métier des armes. La société civile évolue, modifiant profondément la hiérarchie des valeurs, quand elle ne les a pas abandonnées. Le souci éthique a connu un regain d’intérêt au sein des armées qui publient de nombreux textes sur le sujet. Aujourd’hui autant qu’hier l’éveil des consciences paraît essentiel, c’est surtout affaire de culture, de réflexion et de méditation. C’est en lui que le chef trouvera les réponses aux cas de conscience auxquels il sera confronté.
L'obscure clarté de l'éthique militaire
The obscure clarity of military ethics
War leads to an overthrowing of points of reference and puts the relationship between morals and action at the heart of the profession of arms. Civil society is evolving, greatly modifying or even abandoning the hierarchy of values. There has been renewed interest on the question of ethics within France’s armed forces, and many articles have been published. Today just as much as in the past, consciences, which concern culture, reflection and meditation, have to be reawakened. The military leader faced with issues of conscience will have to find the answers within himself.
« Les sentiments d’humanité, l’éthique militaire, accessoirement le souci d’efficacité et l’économie des munitions imposent de ne pas tuer pour tuer » (1). Paradoxalement, tandis que depuis l’Antiquité, la guerre suscite de nombreuses réflexions morales et philosophiques avec Saint Augustin, Hobbes et plus tard Clausewitz, et que les armées modernes s’affichent souvent comme les porte-drapeaux des valeurs universelles, les fautes récentes de comportement de militaires des armées occidentales en opération laissent penser que l’éthique militaire échoue à guider l’action militaire.
Comment définir l’éthique ? Plusieurs acceptions ont été avancées, qui diffèrent selon leurs auteurs : pour le philosophe P. Ricœur, l’éthique relève du Bien, la morale recouvrant le domaine de l’obligation. Le scientifique J. Bernard propose une définition plus élaborée ; deux origines étymologiques de l’éthique : le terme « ithos », qui signifie la tenue de l’âme, le style (au sens de ce mot dans la France classique : « le style, c’est l’homme ») ; et le terme « ethos », complémentaire du premier, peut désigner l’ensemble des normes nées du respect dans la mesure. L’éthique est une science qui prend en considération l’ithos et l’ethos. Elle est la garantie de l’harmonie qui résulte de la bonne tenue de toute chose, de tout acte, de l’accord entre l’âme et le développement. Elle suppose une action rationnelle, elle est le propre de l’homme.
Avec la guerre comme activité première du militaire, les principes moraux doivent permettre à tout soldat de résister à la pression du conflit, d’affronter la violence, la souffrance et la mort ; car face aux turpitudes des conflits actuels, l’enjeu pour chacun réside dans la distinction entre une action intéressée, conforme au devoir, et une action exécutée par devoir, désintéressée et authentiquement morale.
Il reste 91 % de l'article à lire
Plan de l'article