Compte rendu du colloque à l’École nationale supérieure d’Arts et Métiers (Ensam) sur les « Formations et métiers en Intelligence économique ».
Intelligence économique - Formation et métiers en intelligence économique
Pour la deuxième année consécutive, le Groupement de l’intérim français (Gif) et l’Institut français d’Intelligence économique (Ifie), en partenariat avec l’École de guerre économique (EGE), ont organisé un colloque sur le thème de l’Intelligence économique (IE). La formation et les métiers de l’IE étaient au centre de cette édition 2007.
Du référentiel de formation à l’action publique
La première table ronde, institutionnelle, traitait du « Référentiel de formation à l’action publique ». Bernard Besson (SGDN-IE) a rappelé l’historique de l’IE française depuis la prise de fonction d’Alain Juillet, haut responsable à l’Intelligence économique, jusqu’aux derniers projets en cours. Alain Juillet a commencé par définir le périmètre de l’IE et le contenu type d’une formation. Pour atteindre cet objectif, un groupe de travail d’une quinzaine d’experts, dont neuf enseignants, fut constitué. Le contenu ainsi défini avait pour objectif, pour commencer, de s’adapter aussi bien à une formation dans le cadre de la LMD (Licence, Master, Doctorat), du DUT, d’une formation professionnelle, voire d’une conférence… Le référentiel (1) qui en découle est constitué de cinq pôles : « Environnement international et compétitivité » ; « Intelligence économique et organisations » ; « Management de l’information et des connaissances » ; « Protection et défense du patrimoine informationnel et des connaissances » ; « Influence et contre-influence ».
Comme l’a indiqué Bernard Besson la plupart des formations d’IE s’appuient sur ce référentiel, y compris à l’étranger (Maroc, Suède, Canada…).
En septembre 2005, pour valoriser ces jalons doctrinaux, Alain Juillet a souhaité développer le marché de l’intelligence économique afin de promouvoir les compétences de ces jeunes diplômés et professionnels. Le groupe de travail « Formation et recherche métiers et compétences » (2) a défini et publié une liste des métiers de l’IE (3) (formateur, veilleur, analyste, auditeur et consultant IE, éditeur de logiciels, directeur de l’IE, délégué général à l’IE, lobbyiste).
Bernard Besson insiste sur le fait que l’IE constitue une discipline complémentaire, plus qu’un métier à part entière.
Le HRIE a demandé à ces deux groupes de travail de s’intéresser aux PME/PMI, début 2007. Ainsi, un outil commun de diffusion de l’IE est en cours d’élaboration. Bernard Besson a précisé qu’en ce qui concerne la diffusion de l’IE, l’État n’interviendrait pas seul, mais en collaboration avec les représentants des entreprises (chambre de commerce, Medef…), les associations et les collectifs organisés.
La Gendarmerie et l’IE
Le chef d’escadron Laurent Barrué a présenté ensuite l’engagement de la Gendarmerie dans la politique publique d’IE. La mission de la gendarmerie est d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Les entreprises, au titre des personnes morales, doivent être protégées, y compris leurs biens immatériels (dans le cadre de l’ordonnance n° 59-147 en particulier sur la défense économique).
Les cibles potentielles devant être protégées sont les 2 300 000 PME/PMI entrant dans le champ de compétence de la Gendarmerie. Laurent Barrué a présenté les actions de sensibilisation menées auprès des chefs d’entreprise sur les risques encourus, la mission de renseignement économique et la mission d’audit. 150 gendarmes ont été formés au niveau départemental, ce qui renforce les compétences de la gendarmerie en matière de prévention et de répression.
Exigences et objectifs
De la deuxième table ronde, « Exigences et objectifs d’une formation en IE », nous retiendrons des différentes interventions successives d’Alain Coroir (IHEDN), Éric Delbecque (IERSE), Didier Lucas (EGE) et Francis Moaty (ESIEE), un intéressant débat sur la possibilité ou non de trouver un poste dès l’issue d’une formation.
À l’inverse de l’ensemble des orateurs de cette deuxième table ronde, l’EGE a soutenu que la majorité de ces étudiants étaient embauchés dès la fin de leur formation. Les arguments mis en avant par l’EGE pour expliquer ce succès, sont un nombre élevé d’heures de cours et un nombre élevé d’étudiants (100 au lieu de 15 en moyenne), permettant l’équilibre financier. Selon Didier Lucas, qui conclut ce débat, « Les étudiants n’ont pas envie de payer un master en culture générale jusqu’à 12 000 euros » (HEC).
L’intervention d’Éric Delbecque a également apporté une vision synthétique sur les objectifs d’une telle formation : « apprendre à convaincre un dirigeant », « devenir un homme de réseau », « savoir décrypter l’environnement de l’entreprise et le maîtriser peu à peu », « avoir le sens du concret et de l’opérationnel ».
La coexistence de deux cycles, formation initiale et continue, est décisive pour l’« employabilité » et la mixité des profils. Une telle formation sera toujours complémentaire d’un premier cursus. La formation continue aura pour objectif d’obtenir une « vision des activités et des enjeux transversaux pour une discipline transversale ». Dans les deux cas, une sélection du recrutement se révèle indispensable.
La dernière table ronde « Les métiers de l’IE vus par l’entreprise » a apporté un éclairage particulier grâce à différents acteurs : André Added, président de l’Ifie ; le colonel Jean-François Bianchi de l’Armée de terre ; Patrick Cansell, président de Artem ; Ludovic Emanuely de Servair et Éric Valin, vice-président de la Fépie (Fédération des professionnels de l’Intelligence économique).
Une remarque d’Éric Vallin reste à souligner : les professionnels devraient souscrire à la fédération. Une sélectivité dans la profession semble désormais à l’ordre du jour… ♦
(1) www.intelligence-economique.gouv.fr/IMG/pdf/referentiel_IE_numerote.pdf.
(2) www.intelligence-economique.gouv.fr/IMG/pdf/Les_Groupes_de_Travail_Formation_et_Metiers.pdf.
(3) www.intelligence-economique.gouv.fr/IMG/pdf/Liste_metiers_IE.pdf.