Le mécanisme Athéna de gestion du financement des coûts communs des opérations de l’Union européenne ayant des implications militaires ou dans le domaine de la défense repose sur un paradoxe : le traité de l’Union proscrit en effet tout financement communautaire militaire, alors que les interventions militaires extérieures de l’Union européenne sont désormais une réalité. Cette disposition a contraint le Conseil à créer ex nihilo un outil ad hoc. Une telle création a présenté un ensemble de difficultés, mais également une chance, dès lors que l’outil a pu être adapté aux besoins spécifiques des opérations, notamment en matière de souplesse et de réactivité.
Athéna : du paradoxe à la réalité
Athena: from paradox to reality
The mechanism for managing the common costs of EU operations having military or defence implications is known as Athena. Yet that mechanism is based on a paradox, since on the one hand the Treaty on European Union proscribes any Community military funding, yet on the other EU military interventions are now a reality. This state of affairs has forced the Council to create a completely new ad hoc arrangement, one that has presented a number of difficulties but also a great opportunity, since it has proved adaptable to the specific needs of each operation in terms of flexibility and reactivity.
Le Traité sur l’Union européenne (TUE) prévoit que le Conseil de l’Union européenne peut décider des « actions communes », qui incluent les « missions humanitaires et d’évacuation, les missions de maintien de la paix et les missions des forces de combat pour la gestion des crises, y compris les missions de rétablissement de la paix ». Lancée en pratique en 1999 par le Conseil européen à Cologne, la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) s’est rapidement imposée comme l’un des domaines les plus dynamiques de la construction européenne. L’UE s’est dotée d’outils adaptés (notamment un état-major, incluant une cellule civilo-militaire, noyau d’un centre d’opérations et un réseau de quartiers généraux offerts par certains États membres) pour anticiper, préparer et conduire les opérations placées sous sa responsabilité.
Entre la première opération militaire en 2003 dans l’Ancienne république yougoslave de Macédoine (Concordia qui vit 300 soldats sous commandement européen durant neuf mois parachever la stabilisation du pays avec le concours des moyens de l’Otan) et les actuelles planifications d’intervention civilo-militaires au Kosovo et en Afghanistan, la montée en puissance et l’élargissement de l’éventail des opérations de l’Union ont été spectaculaires.
Dans le domaine militaire, l’Union est intervenue en 2003 en Afrique par l’opération Artémis, conduite par la France comme nation-cadre visant à rétablir le calme en Ituri (région orientale du Congo) pour faciliter l’installation des casques bleus de la Monuc. Depuis le 2 décembre 2004, l’opération Althéa, avec le concours des moyens de l’Otan, vise à préserver et renforcer la stabilité de la Bosnie-Herzégovine. Depuis juin 2005, l’action de l’UE en soutien à l’Union africaine dans son action en faveur du Darfour (Amis II), certes limitée, comprend un volet militaire. Enfin, en 2006, l’UE a déployé environ 2 200 hommes dans le cadre de l’opération EUFor RD Congo, sous le commandement d’un quartier général d’opérations situé à Potsdam, afin d’assurer la stabilité du pays durant l’élection présidentielle.
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