Minerve - La formation supérieure des officiers
En cette période de rationalisation des dépenses et de justification du premier euro, il est normal de s’interroger sur le système actuel de formation supérieure des officiers de l’Armée de terre, sur sa pertinence, son coût et sa qualité. N’en fait-on pas trop, sommes-nous cohérents dans cette démarche globale de formation, prenons-nous en compte les besoins réels et les possibilités de l’institution ?
De quoi s’agit-il sommairement ?
L’enseignement supérieur concerne tous les domaines nécessaires à la défense : celui des opérations bien sûr et tous les domaines contribuant à l’exécution des missions et à la bonne marche du ministère. Ceux-ci concernent les relations internationales, les capacités militaires et leur développement, le management des armées : personnel, finances, infrastructures, etc. Il comprend deux niveaux, le diplôme et le brevet, qui outre leur évidente fonction de gestion identifient, au-delà des connaissances acquises, un potentiel d’emploi : cadre de conception ou cadre de mise en œuvre. La formation est menée soit en interne dans des organismes militaires — École d’état-major (EEM) et Collège de l’enseignement supérieur de l’Armée de terre (Cesat) notamment — soit externalisée dans des universités ou écoles civiles pour les domaines plus techniques. Elle dure généralement de six mois à deux ans auxquels il faut ajouter pour les brevetés l’année passée au Collège interarmées de défense (CID).
En quoi cette solution est-elle pertinente ?
Tout d’abord elle satisfait un besoin, celui de disposer d’officiers capables au sein de leur armée d’origine, en interarmées et au niveau du ministère, de remplir avec compétence les missions opérationnelles et celles nécessaires à l’exécution du service. Sans formation complémentaire, ces officiers n’existeraient pas. En effet, les armées recrutent au mieux à Bac + 2 à Saint-Cyr, sauf quelques rares cas et si j’excepte les officiers sous contrat (OSC) dont le niveau académique est souvent excellent mais qui n’ont pas vocation à faire carrière et donc à appartenir au corps de direction. La formation initiale à Coëtquidan qui débouche sur l’attribution d’un diplôme d’excellente qualité, Master 2 pour un Saint-Cyrien, est assez généraliste et principalement orientée vers la formation de chefs opérationnels. Elle ne donne pas les compétences suffisantes pour tenir les postes en état-major interarmes ou en administration centrale par exemple parce qu’elle se focalise sur l’objectif immédiat de ces jeunes officiers : les unités opérationnelles.
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