Formose, troisième point névralgique en Extrême-Orient
Cette affaire de Formose est le type même de la querelle chinoise, amplifiée à la mesure et aux moyens de notre temps. Elle est née et conduite exactement comme l’une de ces chroniques des Royaumes Combattants d’il y a vingt-cinq siècles, où Confucius lui-même eût tant voulu tenir un autre rôle que celui de professeur du passé.
L’orgueil chinois se devait de concrétiser immédiatement la « prise de puissance » du nouveau régime à Genève, où non seulement l’inconnu d’hier, Chou En Laï, avait parlé en égal avec les maîtres modernes, mais où l’un de ces maîtres, le plus redoutable, avait perdu la face devant lui. Il y eut, certes, les visites spectaculaires à New Delhi et à Rangoon, puis les cinq principes proposés au monde asiatique, mais ce n’était pas assez marquant, assez physique ; il fallait un geste.
Formose était là, tout près, idéalement placée pour ce geste. Elle est le repaire du vaincu de 1949, ce « vieux bandit » qui s’oppose au nouveau régime ; et surtout, elle est le fief de l’impérialisme américain, là où le Yankee montre le plus qu’il s’intéresse trop à ce qui ne le regarde pas. La campagne commença dès qu’il apparut certain que le grand allié du Vietminh irait à Genève : faible d’abord, elle s’amplifia à chaque phase de la découverte par le « monde moyen » d’une Chine d’abord vedette de curiosité, et bientôt simplement de puissance.
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