Cette relecture de Raymond Aron, cinquante ans après la parution de Paix et Guerre entre les Nations permet à l’auteur, familier de son oeuvre, de s’interroger sur la construction du monde envisagée par ce maître à penser de l’école réaliste et libérale. C’est Aron penseur de la complexité dans l’environnement intellectuel qui fut le sien que nous présente cette première livraison.
Préambule - Raymond Aron, un demi-siècle après Paix et Guerre entre les Nations (1re partie)
Raymond Aron, half a century after Paix et Guerre entre les Nations (Part I)
Revisiting the work of Raymond Aron fifty years after the publication of Paix et Guerre entre les Nations, the author ponders the construction of the world envisaged by this leading analyst of the realist, liberal school. This first part presents Aron the thinker of complexity in the intellectual environment of his time.
Après avoir publié Le Grand Schisme en 1948 puis Les Guerres en chaîne en 1951, Raymond Aron se lança au tournant des années 50-60 dans la rédaction d’un nouvel ouvrage de relations internationales d’une bien plus grande ampleur : Paix et Guerre entre les Nations. Il y a donc cinquante ans, l’un des piliers de la littérature réaliste était en cours d’élaboration.
Pourtant, pour un internationaliste, il est aussi difficile d’avoir été aronien hier que de le rester aujourd’hui. Dans un passé pas si lointain, mais dans un monde différent, mieux valait en effet avoir tort en adhérant aux simplifications sartriennes que raison en se soumettant aux exigences de la complexité aronienne. Certaines pratiques prédatrices de l’Université ne facilitaient pas non plus l’accès à l’œuvre du premier internationaliste français. Aron n’était bien sûr pas inconnu, mais il restait peu étudié par les étudiants qui, à Sciences-Po dans la section « Relations internationales », s’initiaient à la discipline à travers L’Introduction à l’Histoire des Relations Internationales de Renouvin et Duroselle et la Sociologie des Relations Internationales de Marcel Merle.
Aujourd’hui, la difficulté d’être aronien tient à la fois à la transformation du monde, à l’enrichissement de la discipline des relations internationales durant le dernier demi-siècle, mais également à certains choix ontologiques de Raymond Aron. Suggérer que Paix et Guerre puisse demeurer l’ouvrage de référence pour s’initier aux relations internationales reviendrait à ignorer les débats qui ont parcouru la discipline durant ces cinquante dernières années, comme les raffinements doctrinaux qui ont permis aux réalistes héritiers de Raymond Aron de répondre aux multiples objections émanant des courants néo-institutionnaliste, transnationaliste ou constructiviste.
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