Le service militaire assurait à nos armées les effectifs nécessaires à la défense du pays. Certains de ses aspects bénéfiques ont été regrettés : prise de conscience des devoirs vis-à-vis de la collectivité, expérience, brassage social. Un nouveau dispositif de service civique volontaire devrait toucher 10 % de la jeunesse, enrichir son expérience et constituer un réel apport à la communauté nationale.
Après l’abandon du service militaire, quelles ambitions pour le service civique ?
Ambitions for a civic service after the ending of conscription
National service produced the manpower our armed services needed to defend the country. Some of its positive aspects have been missed: awareness of individual obligation towards the community, the experience itself and social mixing. A new civic service system could involve some ten per cent of young people, enriching their lives and making a real contribution to the nation.
La conscription, l’appel obligatoire des jeunes gens pour une période sous les drapeaux, a toujours eu pour objectif depuis ses origines (en France elle remonte traditionnellement à la levée en masse de 1793) d’assurer aux armées les effectifs nécessaires à la défense du pays. Longtemps inégalitaire, en procédant par tirages au sort des conscrits et de la durée de leur service ou en autorisant le paiement d’un remplaçant, la conscription n’est devenue réellement universelle, obligatoire et personnelle qu’à partir de 1905. Elle a été le pilier de notre défense pendant deux siècles, notamment lors des deux grands conflits du XXe siècle.
Mais ce système de service militaire obligatoire est devenu inadapté aux évolutions du contexte mondial après la chute du mur de Berlin : changements de la nature des missions de nos armées et moindre besoin d’effectifs. La diminution de format des armées a entraîné d’abord la réduction de la durée du service jusqu’au minimum raisonnable, dix mois, et corrélativement l’augmentation des dispenses, exemptions et réformes jusqu’à plus de 30 % des classes d’âge, soit 120 000 jeunes par an, celles-ci touchant plus particulièrement les deux extrémités des niveaux d’études, les jeunes sortis en échec du système scolaire et les étudiants les plus diplômés. Les opérations extérieures, auxquelles les appelés n’étaient pas autorisés à prendre part depuis une loi de 1950 (1), se sont dans le même temps multipliées, impliquant des missions complexes et délicates, ne pouvant de toute façon être confiées qu’à des professionnels. Dans ces conditions, la conscription a été suspendue en 1997 et les armées françaises furent totalement professionnalisées début 2001.
Aspects regrettés du service militaire, mais sans vrai projet de service civil
Le service militaire présentait d’autres aspects : prise de conscience des devoirs par un « impôt du temps » donné à la défense du pays, apprentissage de la vie en communauté, brassage social, acquisition d’expérience, et pour certains, rattrapage de l’échec scolaire ou social. Ces incidences se sont révélées importantes dès lors que la conscription est devenue réellement obligatoire et universelle au début du XXe siècle. Le service militaire a ainsi contribué à forger la cohésion nationale. Aussi ces retombées positives ont-elles été unanimement regrettées au moment de l’abandon de la conscription ; mais cela n’a pas suffi pour mettre en place un service civil pour tous les jeunes destiné à prolonger les vertus du service militaire.
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