La cohésion sociale, et, par conséquent nationale, est directement menacée par la dégradation de la notion d’autorité. Le monde militaire confronté depuis la nuit des temps à la nécessité d’exercer l’autorité avec humanité dans les conditions extrêmes, offre des pistes de réflexion pour suggérer un travail collectif afin de restaurer l’autorité nécessaire à la société.
Faut-il désespérer des dirigeants ?
Must we despair of our leaders?
Social (and therefore national) cohesion is directly threatened by the weakening of the notion of authority. The military world has always been faced with the need to exercise authority with humanity in extreme conditions; it has ideas that can serve as a basis for collective work on the restoration of the authority which is needed in our society
La société française réussit à marier une méfiance soutenue envers les dirigeants et un penchant paradoxal pour le monarque. Mi-monarchiste, mi-Sans-culotte, la ligne de partage ne coupe pas la société en deux, mais l’individu lui-même.
Il n’est pas, en France, de dirigeant qui recueille durablement l’assentiment de ses subordonnés. Le terme lui-même, de subordonné, est d’ailleurs désormais inacceptable. On lui substitue celui de collaborateur, même dans l’hypothèse, fréquente, d’un rapport ancillaire et d’une relation léonine ; conséquence d’une illusion d’affranchissement du monde du travail à travers les lois sociales et l’évolution conséquente des sociétés. Dirigeants et employés seraient dans des situations fonctionnelles différentes, mais dans une logique de collaboration quasi égalitaire. Tout le monde contribuerait à la bonne marche de l’entreprise ou de l’administration. Concept confirmé lors des séminaires de cohésion où le team building crée l’illusion d’une société de camarades, ou plutôt de partenaires, unis par un même désir de gagner ensemble. Utopie évacuée aussitôt rentré au bureau, car la réalité quotidienne est souvent plus proche de l’éthologie animale que de l’utopie fouriériste.
Le spectacle des combats de coqs ne connaît pas la crise. Acteurs et spectateurs se renouvellent à flot continu au fil des générations. Qui n’a à l’esprit ces affrontements de chefaillons qui transforment l’emplacement des photocopieuses en enjeux stratégiques ou les échanges élémentaires d’information en haute trahison. Le spectacle donné par le middle management n’a souvent rien à envier à cette furie guerrière qui pousse un dirigeant d’EDF à peine nommé, à foncer tête baissée sur Areva. Le mâle dominant doit asseoir son pouvoir et faire courber la nuque à ses concurrents. La vie sociale est la poursuite de Cro-Magnon par d’autres moyens. Chacun son rôle, diriger est une fonction qui oscille entre une version actualisée de la croisade et le combat de gladiateur. Pas de place pour les mous ou les indécis. Au demeurant, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. À bon entendeur salut. Le stress est votre affaire. Allez vous faire soigner ailleurs ! Ici, on affronte la concurrence internationale, pas le temps de pleurnicher sur vos états d’âme !
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