Dans cette vaste réflexion historique, l’auteur analyse les différentes options stratégiques qui s’offrent aujourd’hui aux puissances, désormais relatives, de statu quo et à celles qui perturbent le système périmé, mais encore vivace, du siècle dernier. Alliances, partenariats, défense active, endiguement, refoulement prennent d’autres dimensions et dessinent une nouvelle bipolarisation.
Grandes stratégies : un moment d’hésitation 2011-2012
Grand strategies: a moment of hesitation 2011-2012
In this wide-ranging historical survey the author analyses the different strategic options open to the current (but relative) powers of the status quo, and those which disturb the out-of-date (but still operating) power system of the last century. Alliances, partnerships, active defence, barrier-building and repulsing take on new dimensions, and hint at a new bipolar world order.
Pourquoi ce prolongement de la réflexion jusqu’en 2012 ? Tout simplement parce que nous allons assister durant cette année qui s’ouvre à un phénomène remarquable d’astronomie politique : la conjonction des planètes présidentielles russes, chinoises, américaines et françaises. Il est désormais convenu que le monde est devenu multipolaire. Chacun s’en félicite comme si cet état était nécessairement garant d’un juste et harmonieux équilibre. Rien de moins assuré pourtant. Nous posons donc en hypothèse de travail que sous la multipolarité affichée serait à l’œuvre, rampante et dissimulée, la formation d’une nouvelle bipolarisation, bien entendu sans grand rapport avec celle qui prévalut durant la guerre froide. Nous constatons tous une mutation en profondeur de l’équilibre des puissances, une recomposition des alliances et de l’ordre international qui en résulte.
Depuis 1945 les nations du monde ont connu quatre chocs
La décolonisation qu’accompagnèrent de nombreuses guerres d’insurrection et de contre-insurrection parfois très meurtrières fut le premier choc.
Simultanément, le déclenchement de la guerre froide contribua en partie à absorber et à figer les énergies libérées par l’émancipation des peuples du tiers-monde en développement, contraignant peu à peu les « non alignés » de Bandoeng à s’insérer ou du moins à se rapprocher d’un bloc plutôt que d’un autre. La dissuasion nucléaire contribua certes à la limitation des affrontements dans l’espace et en intensité, mais elle favorisa la polarisation. Ce fut le deuxième.
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