Plus qu’on ne l’a dit, le Livre blanc 2008 a innové non seulement dans sa vision de l’impact de la mondialisation sur la stratégie de sécurité nationale, mais aussi dans son approche de la planification stratégique. La notion d’aptitude stratégique alors élaborée et que détaille l’auteur pourrait se révéler un puissant outil pour faire face à la crise financière et arrêter les orientations nouvelles qui s’imposent.
L’aptitude, notion clé de la planification stratégique
Capability, a key aspect in strategic planning
The 2008 White Paper was more innovative than one might have supposed at the time not only in its vision of the impact of globalisation on national security strategy but also in its approach to strategic planning. The concept of strategic capability that was then developed and that the author describes in detail could turn out to be a powerful tool to address the financial crisis and finalize the new policy guidelines that are needed
La définition et l’élaboration de la notion d’aptitude doivent beaucoup aux réflexions engagées au sein de l’état-major des armées sous l’autorité du général Jean-Louis Georgelin, puis développées par le groupe de travail n° 3 chargé de la stratégie de sécurité nationale au sein de la commission du Livre blanc présidée par Jean-Claude Mallet. Le rôle des rapporteurs du groupe de travail, et notamment celui du général Emmanuel de Romémont, fut déterminant pour préciser la notion d’aptitude et l’ériger en méthode de planification. Je reste pour autant seul responsable des analyses et des propositions présentées dans cet article (Nicolas Baverez).
Le Livre blanc de 2008 a innové en définissant une stratégie globale de sécurité nationale qui entend répondre à l’ensemble des menaces et des risques qui peuvent affecter la vie de la nation. Il a également cherché à articuler étroitement l’analyse stratégique, les schémas capacitaires et l’évolution des ressources financières. Enfin, il a prévu une actualisation régulière de ses conclusions à l’occasion de la préparation des lois de programmation militaire et de sécurité intérieure.
Le cadre stratégique tracé par le Livre blanc a été très largement vérifié par les faits. La mondialisation s’est imposée comme le principe du XXIe siècle. Loin de la briser, la grande crise du capitalisme qui s’est déclenchée en 2007 a joué le rôle d’accélérateur de l’histoire, précipitant le basculement du monde vers les pays émergents, particulièrement l’Asie, tout en amplifiant le recul de l’Occident. Le système multipolaire se révèle instable et volatile. Il cumule les risques étatiques traditionnels liés aux ambitions de puissance des empires (Chine, Inde, Russie) ou de certaines nations (Iran), les risques asymétriques propres au terrorisme et aux États effondrés (Somalie, Afghanistan, Pakistan…), enfin des risques indissociables de l’ouverture de nouveaux domaines d’action et de confrontation, tels l’espace et le cyberespace.
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