C’est par l’aide internationale au développement que le Brésil aborde l’Afrique avec la double intention de consolider sa posture internationale dans une « diplomatie de la générosité » et de défendre les intérêts d’une économie bien placée sur le marché africain. Ce faisant il cherche à s’assurer un espace naturel d’expansion stratégique.
La coopération brésilienne avec l’Afrique
Brazilian cooperation with Africa
Brazil uses international development programmes as its vehicle for its approach to Africa. It has two concerns: to consolidate its international posture of ‘generous diplomacy’, and to defend its interests as an economy which is already well positioned in the African market. By doing this it is looking to establish a natural outlet for its strategic expansion.
Délaissé jadis par la mondialisation car considéré comme une « cause perdue » de l’économie internationale, le continent africain est désormais courtisé tant par les puissances industrielles traditionnelles que par les « puissances émergentes » à l’instar, notamment, de la Chine, l’Inde ou l’Afrique du sud. L’Europe, les États-Unis et les pays émergents rivalisent désormais autour de l’Afrique et de ses ressources naturelles. La politique de rapprochement et d’implantation de ces acteurs sur le continent noir s’accompagne de toute une série de stratégies dont le déploiement de programmes d’aide au développement. Le Brésil n’est pas en reste. En effet, ce pays, qui lors de la dernière décennie a sensiblement consolidé son poids sur la scène mondiale et accéléré la diversification de ses relations extérieures en accordant une attention particulière aux relations dites « Sud-Sud », s’est redécouvert un intérêt pour l’Afrique. Les liens tissés avec les pays africains sont aussi divers que variés et vont de la diplomatie à l’économie en passant par le commerce ou la coopération au développement. Cette stratégie de rapprochement est présentée par Brasilia comme désintéressée. Qui plus est, elle serait tout bénéfice pour le développement de l’Afrique. Les autorités brésiliennes n’hésitent d’ailleurs pas à affirmer que leur pays a une « obligation morale, politique et ethnique de faire ce qu’il fait pour le continent africain » (1).
La présente recherche vise à confronter ces affirmations à la réalité du terrain en répondant à la question suivante : la politique brésilienne de coopération à destination de l’Afrique est-elle uniquement animée par une démarche de solidarité ou répond-elle aux aspirations de puissance d’un pays en plein essor sur la scène internationale ?
Brésil : nouvel acteur de poids dans la politique internationale de développement ?
Les aspirations du Brésil à la puissance constituent un vieux rêve que ses élites dirigeantes caressent depuis de nombreuses décennies. La construction du statut de puissance a été progressive. Toutefois, elle s’est accélérée lors de cette dernière décennie en permettant au Brésil de s’affirmer comme un acteur important de l’arène mondiale tant sur le plan économique que diplomatique. L’économie brésilienne s’est davantage renforcée et diversifiée, les entreprises se sont consolidées et certaines d’entre elles se sont internationalisées. Le pays est récemment devenu autosuffisant en pétrole, ses partenaires commerciaux se sont multipliés et son poids dans le commerce mondial a augmenté, ses réserves de changes ont atteint plus de 180 milliards d’euros faisant de celui-ci un créditeur net du Fonds monétaire international. Le Brésil qui semble ne plus craindre les turbulences financières internationales (2) est parvenu à s’imposer comme un acteur chaque jour plus influent de la mondialisation. Cette situation lui a permis d’accéder à une crédibilité internationale sans précédent et a suscité un considérable effet d’attraction auprès des États et des opérateurs économiques étrangers.
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