La stratégie de défense du Brésil s’attache à repenser la vocation maritime atlantique de ce grand pays. La marine brésilienne agit dans ce domaine non seulement comme organe de réflexion et d’impulsion mais aussi comme opérateur global engagé dans des programmes conséquents destinés à donner au Brésil les moyens de son ambition maritime.
L’Amazonie bleue : enjeux et contraintes maritimes du Brésil
The Blue Amazon: Brazil’s maritime constraints and challenges
Brazil’s defence strategy is currently rethinking the Atlantic maritime role of this great country. The Brazilian Navy not only acts as a planning and operational entity, but also as a global operator with an acquisition programme aimed at giving the country the means to fulfil its ocean-going ambitions.
Le Brésil, avec presque 7 500 kilomètres de côte atlantique, est un pays directement concerné par les développements dans et autour de l’océan du même nom. Avec ses îles, surtout l’archipel de Sao Pedro e Sao Paulo, la frontière maritime brésilienne arrive presque à mi-chemin de l’Afrique. De plus, ces dernières années, dans la zone économique exclusive et le plateau continental brésilien, des gisements de pétrole gigantesques ont été découverts ainsi que bien d’autres richesses. Pour la Marine brésilienne, il est donc impératif de s’intéresser de manière systématique à cette zone sous juridiction du pays et à l’Atlantique sud de manière plus générale.
Tout au long de son histoire, l’océan Atlantique joue un rôle primordial pour le Brésil. Depuis les débuts de sa colonisation, tous les échanges se sont effectués par l’intermédiaire de cet océan et la métropole portugaise a essayé de contrôler sa colonie par la mer. L’administration, les échanges de produits, la traite des noirs, l’immigration, tout se réalisait par voie maritime. Après l’indépendance du pays en 1822, la Marine a été la première force armée mise en place. Cependant, au XXe siècle, le gouvernement et la population du pays ont été longtemps préoccupés par la perspective de la sécurité terrestre, même si la majorité de la population vit le long de la côte. Il s’agissait d’assurer les frontières vers l’ouest du pays, vers ses dimensions continentales. Le choix d’établir une nouvelle capitale, Brasília, au centre du pays en 1960, en a été l’expression emblématique. Il faut que le pays retrouve, aujourd’hui à nouveau, sa vocation maritime.
C’est pour cette raison que la Marine brésilienne a conçu le concept d’Amazônia Azul, d’Amazonie bleue (1), pour désigner la zone sous juridiction du pays. À la superficie de 3,5 millions de km2 de la zone économique exclusive de 200 miles nautiques, on ajoute alors le plateau continental, soit 963 000 km2, pour obtenir la superficie de l’Amazonie bleue qui s’élève à 4 500 000 km2, soit plus de la moitié de la superficie continentale du Brésil (8 511 965 km2). Ainsi l’Amazonie bleue devient plus grande que l’Amazonie verte et renferme au moins autant de richesses, sinon plus, avec le pétrole, le gaz et les minerais et toute la biodiversité de l’Océan qui n’ont pas encore été bien explorés, exploités ou protégés, selon les cas. Ce concept, lancé en 2004, est devenu une marque enregistrée par la Marine brésilienne le 29 janvier 2010. Ce jour-là les dirigeants de l’Institut national de la propriété industrielle du Brésil en ont remis le certificat aux amiraux de la Marine. Le ministère de l’Éducation, en collaboration avec la Marine, a également publié deux livres afin de l’étudier dans l’enseignement public primaire et secondaire au Brésil : La mer dans l’espace géographique brésilien (2005) et L’importance de la mer dans l’histoire du Brésil (2006). Mais la Marine ne veut pas seulement intéresser le gouvernement et la population à l’Amazonie bleue. Elle pense qu’elle devra être mieux préparée à défendre ces richesses, à éviter que d’autres pays essaient de s’octroyer ce qui revient de droit au Brésil, à prévenir la pollution de l’océan et à sauvegarder sa biodiversité.
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