L’Inde affirme ses ambitions asiatiques et construit sa personnalité stratégique dans un jeu d’équilibres régionaux dans lequel elle intègre ses partenaires extérieurs américain et russe. Sa position de pivot régional lui permet d’affirmer progressivement une posture déterminée que renforcent une démocratie régulée et une économie en développement.
L’essor de l’Inde
The flowering of india
In affirming its Asiatic ambitions, India is building a strategic identity through a series of regional power balances which integrate both Russian and American allies. Her position as a regional pivot is allowing the country progressively to assert a pro-active strategic posture, supported by widening democracy and a developing economy.
Péninsule ouverte sur l’océan Indien, l’Inde est restée longtemps préoccupée par des frontières terrestres régulièrement contestées depuis l’indépendance par le Pakistan et la Chine. Les évolutions de la situation géopolitique depuis 1990 et l’essor de l’économie indienne, cette dernière décennie, ont réveillé des ambitions stratégiques qui dépassent aujourd’hui son sous-continent éponyme. Mais l’établissement de ce nouveau « Raj » indien se fait dans un environnement compliqué et face à un puissant rival, la Chine.
Le « non-alignement » appartient à l’Histoire
Après la douloureuse partition qui a accompagné l’Indépendance, l’Inde avait besoin de se construire et de développer son économie. Nehru choisit la voie du non-alignement pour préserver les intérêts d’un pays dont la position géographique ne pouvait que susciter l’intérêt des grandes puissances. L’Inde fut ainsi à l’origine de la conférence de Bandung. Elle favorisa l’initiative du Sri Lanka de soustraire l’océan Indien à la rivalité des blocs en faisant voter à l’ONU une résolution le déclarant zone de paix (1). Mais ce succès diplomatique fut sans lendemain. Le choix des Américains d’aider le Pakistan lors des conflits récurrents entre les deux pays et la guerre perdue contre la Chine en 1962, poussa l’Inde à se rapprocher de l’URSS et à signer avec elle un traité d’amitié en 1971.
La Marine soviétique investissait déjà une place laissée vacante par les Britanniques, ce qui conduisit les Américains à s’installer à Diego Garcia : la guerre froide s’étendait à l’océan Indien. En 1980, Indira Gandhi fit le constat de cet échec : « l’océan Indien a cessé d’être une aire d’amitié. La voix unanime des États littoraux n’est ni entendue, ni écoutée. L’accroissement de la présence navale de puissances navales extérieures (…) s’est accéléré après les développements survenus en Iran et en Afghanistan » (2).
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