Activité sous contraintes financières de plus en plus fortes, la préparation et la dotation des forces en moyens de combat doit se repenser. Les clés de ce qui pourrait être une révolution sont la concentration sur l’action opérationnelle, la préservation de la qualité du noyau essentiel et la limitation drastique de l’accessoire. L’adaptation permanente devient la règle.
Les guerres low cost
Low-cost wars
The preparation and equipping of forces for combat needs a new approach, bearing in mind growing financial constraints. The keys for what could well be a revolution are defined as concentration on operational action, the preservation of the essential, and the drastic reduction of secondary objectives. Permanent adaptation becomes the rule.
Ce n’était pas comme cela qu’on avait vaincu à Verdun : cette déclaration péremptoire adressée par un officier d’état-major au colonel Deuve (1), durant la guerre d’Indochine, traduisait un dédain pour l’utilisation des maquis autochtones dans la conduite de la guerre. Ce type de « réflexions » n’a pas disparu des débats actuels sur la contre-insurrection et la préparation des conflits futurs. La pertinence et l’efficacité de la manière de mener les conflits actuels par rapport aux principes de la guerre industrielle restent encore parfois un sujet de controverses. Dans un contexte de réduction des ressources allouées aux forces armées, des modèles alternatifs ont émergé, pour mettre en adéquation les voies, les fins et les moyens souvent limités. Ces conflits armés « au sein des populations » sont aussi appelés guerres bâtardes, hybrides, irrégulières, etc. En considérant une approche empruntée à l’économie, il est également possible de qualifier certains des conflits actuels de low cost. L’Alliance géostratégique (2) s’est inspirée, début 2010, de ce concept économique récent pour étudier sa pertinence dans le domaine de la défense. Il ne s’agit pas de décrire l’affrontement de forces « au rabais » et peu performantes. Il est bien question d’exposer les facteurs de succès de forces efficaces, conventionnelles ou non, qui forgent leur puissance sur des principes et des moyens différents de ceux développés pour la guerre industrielle.
Dans un contexte de contrainte budgétaire, ces forces préservent et développent uniquement ce qui leur semble essentiel, même coûteux et de haute technologie, au détriment du superflu.
Les contraintes budgétaires dans les armées occidentales
La période actuelle de restrictions budgétaires, en Europe et dans de nombreux autres pays, en dollars constants, pose le problème des ressources attribuées aux armées pour mener des guerres industrielles ou irrégulières. Comme l’indique l’économiste Jacques Fontanel, « […] les États doivent protéger leurs richesses, mais, en situation de paix, les gouvernants doivent tenir compte du nécessaire équilibre entre une dépense qui peut s’avérer paupérisante et le maintien, à terme, de la sécurité nationale. Il y a donc un choix à faire entre la sécurité d’aujourd’hui et celle de demain ». La question de la maîtrise des coûts devient un enjeu du temps de paix et, par extension, de guerres limitées et d’opérations de maintien de la paix. Longtemps, la guerre et la technologie militaire ont été des facteurs de développement, de rééquilibrage sociodémographique ou de moteur de l’accélération de l’industrialisation. La question des ressources des États, amplifiée par la crise économique actuelle et l’absence de guerre totale, implique des choix significatifs et drastiques sur les équipements et le fonctionnement des forces.
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