Le 21 janvier 1954, le sous-marin Nautilus, premier bâtiment utilisant pour sa propulsion l’énergie nucléaire, a été lancé à Groton, Connecticut. Cette date mérite d’être retenue, car elle marque, pour la Marine, l’avènement de l’ère atomique. Plus encore peut-être que son emploi comme explosif, l’utilisation de l’énergie nucléaire pour la propulsion des navires laisse présager, dans le domaine de la stratégie navale, des répercussions qui pourraient bien être aussi considérables que celles provoquées par l’introduction de la vapeur au XIXe siècle.
Le sous-marin et la propulsion nucléaire
Le 21 janvier dernier, le sous-marin Nautilus, premier bâtiment utilisant pour sa propulsion l’énergie nucléaire, a été lancé à Groton, Connecticut. Cette date mérite d’être retenue, car elle marque, pour la Marine, l’avènement de l’ère atomique. Plus encore peut-être que son emploi comme explosif, l’utilisation de l’énergie nucléaire pour la propulsion des navires laisse présager, dans le domaine de la stratégie navale, des répercussions qui pourraient bien être aussi considérables que celles provoquées par l’introduction de la vapeur au XIXe siècle.
Consciente de cette révolution et soucieuse de conserver son rang, la Marine américaine a entrepris, la première, l’exploitation de cette source nouvelle d’énergie. Pour ses expériences elle a choisi le sous-marin. La raison en est simple : il est parmi les navires de guerre celui pour lequel la propulsion atomique offre le plus d’intérêt. Depuis son apparition, en effet, le sous-marin emploie deux modes de propulsion : le moteur à combustion interne en surface, le moteur électrique en plongée. L’énergie électrique indispensable à ce dernier, est emmagasinée dans des batteries d’accumulateurs que les moteurs diesels chargent avant chaque plongée. Ces batteries sont lourdes et encombrantes. Elles entrent pour une large part dans le devis de poids du bâtiment au détriment d’autres éléments : coque, moteurs diesels, armes, équipements, etc… Cependant, malgré les sacrifices ainsi consentis sur certaines caractéristiques, la capacité des batteries reste faible et ne confère en plongée qu’un rayon d’action limité et d’autant plus réduit que la vitesse utilisée est plus élevée. Le sous-marin classique de la seconde guerre mondiale ne peut marcher en plongée qu’une heure environ à vitesse maxima (8 à 12 nœuds). Aux allures lentes, de l’ordre de 1 à 2 nœuds, la distance franchissable atteint 100-120 nautiques suivant le type de bâtiment, ce qui correspond à une autonomie de cinquante à soixante heures. Au-delà de ces limites, le sous-marin doit obligatoirement revenir en surface pour recharger ses batteries.
On conçoit aisément les inconvénients inhérents à la propulsion électrique. En raison de son faible rayon d’action, le sous-marin ne peut « chasser » en plongée une position favorable de lancement que s’il est initialement placé à proximité de la route suivie par le but. En revenant en surface pour charger ses batteries, le sous-marin commet une indiscrétion que ne manquent pas d’exploiter ses adversaires acharnés : l’avion et l’escorteur. Cette indiscrétion inévitable est d’autant plus dangereuse que le sous-marin qui a effectué une attaque ou qui, simplement, a été repéré, est contraint de la commettre sans pouvoir s’éloigner beaucoup du point où il s’est manifesté.
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