La disparition de la menace aux frontières a fait que le territoire national n’apparaît plus comme un enjeu de sécurité nationale. Comment dès lors perpétuer l’esprit de défense et maintenir la capacité de résistance du pays pour lui permettre, s’il le fallait, d’encaisser d’autres coups ? L’auteur esquisse quelques pistes notamment dans le domaine immatériel de la défense.
Le territoire national comme enjeu de sécurité et de défense
National territory as a consideration in security and Defence
The disappearance of the threat to our frontiers has meant that national territory no longer seems to feature prominently as an issue in national security. How then to promote the spirit of defence and maintain the state’s capability for resistance to enable it, if necessary, to withstand the unexpected? The author sketches out some possibilities, particularly in the less tangible areas of defence
« Mission essentielle des forces armées, la protection du territoire est une exigence permanente (…). En l’absence de menace extérieure majeure et directe sur nos frontières, c’est aujourd’hui une mission de sécurité intérieure plutôt qu’une mission de défense proprement militaire » (1). Le bouleversement stratégique qui suit l’effondrement de l’ancien bloc soviétique laisse, dans la seconde moitié des années 90, une sorte de « vide » où la disparition des menaces directes et identifiées cède le pas à des risques diffus et sans doute plus inquiétants, car inconnus. Terrorisme, émergence d’une criminalité transnationale, développement des trafics en tous genres, deviennent les nouveaux adversaires qui, selon le mot du général Desportes, font qu’il n’y a désormais plus de menaces aux frontières, mais qu’il n’y a plus de frontières aux menaces.
Ces métamorphoses n’en rendent que plus complexe la défense du territoire. Comment protéger la population, les institutions et les biens contre ce qu’on ne connaît pas ? Comment ménager dans l’incertitude la capacité à réagir, à surmonter une crise et à la dépasser ? Comment pratiquer, développer et conserver la « résilience » parée de toutes les vertus, qualité qui offrirait aux citoyens l’armure morale et psychologique devant l’inconnu ? Quelle approche favoriser pour que, face à une crise majeure, on puisse, sans céder à la panique ou assister à l’éruption du chaos, maintenir l’ordre et l’harmonie publics ? Comment être armé sans ennemi, comment se défendre dans le champ des perceptions ?
Le problème ne tient plus seulement à l’environnement géopolitique, stratégique ou économique dont les résonances s’infiltrent dans le quotidien de nos concitoyens. Il s’agit bien de développer une ou des réponses à des questions nouvelles dans un champ qui ne peut se limiter à des solutions anciennes, purement institutionnelles et seulement fondées sur l’organisation du territoire.
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