Si la mise en oeuvre d’une large coalition est censée concilier légitimité de l’emploi de la force et efficacité de celle-ci, le conflit afghan pourrait révéler bien des failles de cette configuration en apparence vertueuse. Lourdeurs opérationnelles inhérentes à l’effet d’échelle, tentations à s’engager a minima aux côtés d’un acteur prépondérant sont autant d’entraves à l’efficacité générale sur le terrain.
Quand l’union fait la faiblesse
When unity is weakness
Although the construction of a wide coalition is supposed to confer legitimacy on the use of force and to increase its efficiency, the Afghan conflict could reveal many fault-lines in this apparently virtuous assemblage. The operational complexities inherent in the effects of scale and the temptation to indulge in minimal commitment alongside a dominant player are all hindrances to general efficiency on the ground
Les succès rencontrés par les grandes coalitions au cours des années 90 ont amené les gouvernements occidentaux à définir cette configuration collective comme la plus à même de concilier légitimité de l’emploi de la force et efficacité de celle-ci. La pertinence du recours à une large coalition a d’abord été reconnue au cours de la guerre du Golfe de 1990-1991 où les coalisés s’opposaient au régime de Saddam Hussein dans le cadre d’une confrontation inter-étatique pure. Par la suite, les opérations militaires de 1995 et 1999 en Bosnie et en ex-Yougoslavie ont été considérées comme des réussites, au moins dans leur phase d’intervention, brève et brutale, sinon dans la longue phase de stabilisation qui a suivi.
Tout comme dans la théorie de la « preuve sociale », où le choix par un grand nombre devient en soi une preuve de qualité, la légitimité de l’action de ces coalitions semblait garantie par le nombre de drapeaux qu’elles parvenaient à aligner. Parallèlement, l’efficacité sur le terrain était assurée par la puissance militaire américaine largement dominante au sein de ces structures.
La guerre en Afghanistan en 2001, comme celle d’Irak deux ans plus tard, ont d’abord semblé reproduire ce modèle. La coalition mise en œuvre pour détruire Al-Qaïda et ses alliés, a effectivement obtenu des résultats militaires et politiques « significatifs » dès les premiers mois. Pour autant, la transformation progressive du conflit en longue guerre contre des organisations non-étatiques a fini par faire apparaître un autre contexte d’affrontement qui révèle désormais toutes les failles de ce type d’engagement sous forme d’alliance.
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