Opération banlieues - Comment l’État prépare la guerre urbaine dans les cités françaises
Opération banlieues - Comment l’État prépare la guerre urbaine dans les cités françaises
L’auteur, journaliste et chercheur spécialiste des questions d’urbanisme et des problèmes des banlieues, nous propose une approche intéressante, bien documentée et de nature à ouvrir le débat sur les évolutions de la politique de sécurité française face à la violence des cités. Il y décrit comment les autorités politiques envisagent et conduisent le maintien de l’ordre avec de nouvelles pratiques théorisées notamment dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale publié en 2008.
Pour Hacène Belmessous, il y a une forme de militarisation croissante des interventions des forces de l’ordre, s’appuyant sur une vision idéologique de la question et bénéficiant à la fois des leçons apprises lors des émeutes urbaines de l’automne 2005 et sur le savoir-faire acquis depuis plus d’une décennie en opérations extérieures, dans le cadre du contrôle des foules dans une ambiance hostile. Les thèses de l’auteur sont argumentées à partir de documents et de témoignages d’acteurs directs en charge de ce dossier, tant dans les ministères de la Défense et de l’Intérieur que sur le terrain, dans les unités spécialisées de la police et de la gendarmerie, les collectivités locales et les partenaires sociaux.
L’approche est certes unilatérale et plutôt à charge contre la politique gouvernementale, avec une prise de position très politique. On peut ainsi regretter le peu d’analyse sur l’émergence d’une nouvelle criminalité ultra-violente dans ces cités, alimentée par l’argent du trafic de drogue et d’armes de guerre venant notamment des Balkans. De même, il faut également souligner que les efforts faits depuis environ une vingtaine d’années pour désenclaver les quartiers sensibles, se traduisant notamment par la construction de lignes de tramway (Nantes, Grenoble, Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Mulhouse…), sont passés sous silence, alors même qu’ils contribuent directement à socialiser des quartiers entiers dont les populations sont fragilisées par le chômage et la pauvreté.
Si l’on peut ne pas partager l’ensemble de la démonstration d’Hacène Belmessous, il est certain que ce sujet si sensible, en particulier pour les armées, sera largement abordé dans les mois à venir, lors de la campagne électorale pour 2012. ♦