L’« interarmisation » entreprise il y a vingt ans a pu paraître hésiter entre plusieurs formules, qu’elle soit juxtaposée ou intégrée. L’auteur esquisse une voie médiane qui, tout en préservant l’identité de chacune des forces armées, permet d’en combiner heureusement les effets utiles à la manoeuvre interarmées.
L’interarmées, au fait, c’est quoi ?
What does ‘joint’ really mean?
The moves towards ‘jointery’ that began some 20 years ago have drifted between several different styles and plans, including side-by-side and fully integrated joint structures. The author outlines a kind of middle way that preserves the identity of each of the arms, which stemms largely from the environment in which it operates, yet combines the faculties essential to joint manoeuvres. He sets his limits at the level of human resources and initial training.
Le fait interarmées est devenu une question centrale dès lors qu’on s’interroge sur le présent et l’avenir des forces armées françaises. Pour certains il apparaît comme l’alpha et l’oméga de la pensée stratégique moderne ; il est, pour d’autres, au mieux, un mal nécessaire qu’il convient de confiner à quelques niches ancillaires. S’interroger sur ce débat récurrent et sur l’impossibilité de trouver un consensus sur cette question revient à poser la question fondamentale de ce que recouvre finalement la dimension interarmées. En effet, chacun s’accorde pour reconnaître que le fait interarmées est une nécessité opérationnelle absolue mais les armées n’ont pas attendu l’accélération de l’interarmisation actuelle pour agir de manière cohérente en combinant les effets des différentes composantes de leurs forces. À l’autre extrémité du spectre, l’interamisation est présentée comme une nécessité organique propre à réduire les coûts par mutualisation des soutiens communs. Mais si l’interamisation n’était que cela, la question ne soulèverait certainement pas les inquiétudes actuelles.
Alors, quelles sont les différentes manières de concevoir l’interarmées ? Quel concept interarmées adopter ? Une fois ces questions résolues, chacun pourra discerner comment optimiser la plus-value des différences d’armées.
L’interarmisation, telle qu’elle est vécue aujourd’hui, est un processus sans fin car de nouveaux domaines accessibles à celle-ci se présentent sans cesse. De ce fait, elle semble mener inéluctablement à la disparition des armées et, avec elles, de l’expertise de milieu associée. Parmi les champs de compétence de l’interarmées, ceux des ressources humaines et de la préparation opérationnelle apparaissent comme des verrous. C’est en effet grâce à un recrutement, une formation initiale et un entraînement différenciés que les armées construisent leur identité et leur expertise et c’est ainsi qu’elles peuvent, chacune dans leur milieu, apporter la plus-value nécessaire aux opérations interarmées.
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