Les vingt dernières années ont été marquées par une conflictualité endémique affectant principalement les pays dont les États étaient faibles ou défaillants. Une rétrospective précise révèle comment les revendications identitaires qui passent les frontières se sont superposées aux classiques affrontements interétatiques et laisse la communauté internationale démunie.
Évolutions de la conflictualité
New areas of conflict
The past 20 years have been notable for the level of conflict affecting principally weak, failing or failed states. This sharp retrospective looks at how claims relating to ethnic identity, which transcend frontiers, have been superimposed on conventional state against state conflicts to leave the international community worse off as a result.
Après les bouleversements internationaux d’il y a vingt ans (1989-1991), la conflictualité n’a cessé de se renouveler, même si les guerres sont moins nombreuses et moins meurtrières. Violence des affrontements intestins (Afrique noire, monde arabe) et régionalisation des combats sont désormais des tendances lourdes de la conflictualité contemporaine. Des processus de balkanisation sont à craindre. Mais, la typologie ne doit pas en être simplifiée : la variété des situations prime. Épicentre de ces secousses, l’individu : facteur ethnique traditionnel et renouvelé mais aussi révoltes et soulèvements, radicalisme religieux, identitaire ou communautaire, besoin d’expression individuelle et collective. Libre des grandes guerres internationales, le théâtre polémologique s’est compliqué.
Les récents affrontements (1989-2011)
Depuis la fin de l’URSS, le développement des guerres de coalition est frappant. Quatre au total : guerre dite du Golfe sous mandat ONU (1991), guerre dite du Kosovo (en fait, contre la Serbie) sans mandat ONU et sous commandement de l’Alliance atlantique (1999), guerre d’Afghanistan après les attentats du 11 septembre sous mandat ONU (2001), guerre d’Irak (2003) sans mandat ONU.
Et, nouveauté du droit international dans la période 1991-1994, puisque la Charte de l’ONU repose sur deux piliers (souveraineté des États et non-immixtion dans les affaires intérieures d’un autre) qui les lui interdisent, on a assisté à la multiplication des « ingérences » humanitaires. Au total, quatre : Irak en avril 1991 ; Somalie en décembre 1992 ; Rwanda en juin 1994 ; Haïti en septembre 1994 (1). On remarquera au passage que dans chacune de ces « ingérences » (le terme n’existant d’ailleurs pas en anglais), des visées politiques implicites ou affichées ont été à l’origine des opérations militaires, qui ne ressortissent pas aux opérations de maintien de la paix (OMP) sous l’égide de l’ONU (2). De fait, en Irak, la résolution devait porter assistance à toutes les populations réprimées (Kurdes et chiites) ; or, seuls les Kurdes avaient été protégés. En Somalie, la résolution demandait un « règlement politique » irréaliste ; en Haïti, nul péril humanitaire, il s’agissait de remettre en selle le président Aristide exilé aux États-Unis, les troupes intervenant étant dénommées « guerriers de la démocratie » (président Clinton).
Il reste 88 % de l'article à lire
Plan de l'article