Le siècle qui s’ouvre sera celui de l’océan, bien commun de l’Humanité, avenir de notre planète bleue ; un océan progressivement domestiqué et habité, un océan qui prend le relais de la Terre pour fournir des richesses et porter les flux de matières vitales ; un océan convoité qu’il faut réguler et défendre.
Défendre la planète bleue
Defending the blue planet
This new century belongs to the ocean, says the author. The ocean is a common resource for all humanity and in it lies the future of our blue planet. It is being progressively domesticated and inhabited, and is taking over from the land as provider of our wealth and carrier of our essential materials. Much coveted, it has to be regulated and defended.
L’homme arrive aux limites de l’exploitation de la terre ferme (1). Partout dans le monde, inexorablement, il se rapproche tous les jours un peu plus du littoral et repousse ses frontières terrestres vers l’océan, qui constitue désormais notre principale réserve en ressources et espace vital. La mer doit également être une source de réflexion sur notre façon de comprendre un monde de plus en plus mobile et interdépendant, un monde de plus en plus maritime.
Le peuplement de la terre
Parmi les plus grandes épopées de notre histoire, rappelons celle de l’homme à la conquête de la terre (2). Conquête à pied pour l’essentiel, qui ne s’est achevée que bien tardivement lorsque des navigateurs exceptionnels ont enfin réussi à maîtriser le Grand Océan et ses espaces immenses, ayant conçu des navires et des méthodes de navigation sans cartes ni instruments à la hauteur de cet exploit maritime inégalé (3). Au long de plusieurs millénaires, par vagues successives parties de l’Asie du Sud-Est, le même peuple a découvert, enrichi de nouvelles espèces végétales et animales (4), puis peuplé 80 % des îles de notre planète ; soit la totalité des îles habitables du Pacifique et une part de celles de l’océan Indien, disséminées sur 40 % de la surface du globe. Quelque part dans le Pacifique Sud, les Océaniens ont ainsi mené à son terme l’épopée du peuplement de la terre, environ un millénaire avant que le premier Européen se risque dans cet océan. L’histoire inédite de cette civilisation maritime unique ouvre aussi la voie vers une vision géopolitique nouvelle de notre monde mouvant et multipolaire, selon une approche fondée sur la mobilité et les interconnexions : probablement l’une des meilleures clés de compréhension de la mondialisation.
La liberté des mers
L’Histoire retient l’épopée des Grandes Découvertes. En moins de trois siècles, les capitaines européens reconnaissent la quasi-totalité de la planète et jettent les bases d’un commerce mondial qui assurera la prospérité des nations occidentales. Ayant repris la maîtrise des routes maritimes anciennes (5), ils en tracent de nouvelles au travers de l’Atlantique, de l’océan Indien et du Pacifique, tissant ainsi sur l’océan les premiers réseaux de la mondialisation moderne.
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