L’auteur rappelle les limites du modèle de l’entreprise pour administrer les forces armées ; elles relèvent de la finalité militaire qui est de gagner le combat. Il souligne trois principes essentiels, l’esprit de corps, la subordination des services au commandement et l’entraînement des opérationnels avec leurs unités de soutien.
Irons-nous à Sedan ?
Are we going to Sedan?
The author highlights the limits of the commercial model in the administration of the armed forces, particularly when it is remembered that the endgame for the forces is to win battles. To do the latter, three essential principles have to be followed that do not necessarily correspond with industrial management: team spirit, subordination to command and combined training of operational personnel with their supporting units.
Le centenaire de la naissance de Darwin a remis dans tous les esprits les théories de l’évolution des espèces et de la sélection naturelle. Les organisations créées par l’homme elles-mêmes évoluent, souvent sous la contrainte financière, parfois du fait d’une sélection sans pitié lorsque le choc des armes met à bas les plus belles constructions intellectuelles. Les organigrammes des armées sont ainsi régulièrement remis en cause.
En temps de paix, les contraintes budgétaires conduisent à rechercher en permanence des économies en modifiant le fonctionnement des armées, objectif aussi louable que nécessaire dans la mesure où la finalité des forces armées, remporter la victoire lors de la guerre, n’est pas oubliée. La préoccupation première de tous les hauts responsables du ministère de la Défense est, et doit être, d’utiliser de la façon la plus efficace possible l’argent des contribuables. Le danger est alors que des organisateurs ou des conseillers qui n’ont jamais combattu les armes à la main, fussent-ils porteurs d’uniformes, oublient les grands principes qui conditionnent l’efficacité d’une force au combat. Une logique naturelle pour certains concepteurs consiste en effet à prendre comme modèle les entreprises civiles au sein desquelles le rendement économique est prioritaire. Cela n’est malheureusement jamais la panacée. J’ai travaillé depuis près de vingt ans dans un univers civil et, en particulier, j’ai présidé aux destinées d’un établissement public de plus de 8 000 personnes. Mais bien qu’ayant entretenu des relations confiantes avec la majorité des cadres et des employés, y compris les représentants syndicaux, j’ai rarement rencontré des ouvriers prêts au sacrifice suprême sur l’ordre de leur patron. Il y a donc des ressorts spécifiques de la logique des combats qui n’existent pas dans les entreprises civiles et qui sont indispensables dans les armées. Le général Anthony Zinni, après avoir commandé le Central Command à Tampa aux États-Unis, déclarait ainsi le 17 octobre 2002 : « Il est tout à fait remarquable que quand tous les généraux disent la même chose, ceux qui n’ont jamais tiré un coup de canon et qui poussent à la guerre, voient les choses différemment ».
Les principes à ne jamais oublier quand on veut pouvoir livrer victorieusement une bataille sont nombreux et parmi ceux-ci, trois me paraissent essentiels, l’esprit de corps, la subordination des services au commandement et l’entraînement collectif des opérationnels avec leurs unités de soutien.
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