Alors que l’Europe de la défense est à la peine, l’Espace semble un champ de relance potentiel. Les besoins sont importants et les capacités spatiales requises ne pourront être développées sur une base militaire strictement nationale dans un contexte de fortes contraintes budgétaires.
Spatial militaire en Europe : les grandes manœuvres ?
Space and the military in Europe
With European defence bogged down, space would seem to be a possible area for re launch of the entire process. The need for space assets is ever increasing, and the necessary capabilities simply cannot be developed on a purely national military basis in the current climate of severe budgetary restrictions. Despite the Commission’s recently announced enthusiasm for the subject, the reality is that decisions made at the institutional pose a serious risk of space projects becoming bogged down, too.
Alors que le Traité de Lisbonne a ouvert le champ des possibles pour l’Europe de la défense, cette dimension de la construction européenne peine à s’imposer comme un projet politique majeur pour les États-membres. La crise économique et financière, qui pouvait se révéler une occasion potentielle de rapprochement, ne semble pas jusque-là avoir constitué un stimulus suffisant pour insuffler une dynamique commune et l’Europe ressemble encore bien souvent à une mosaïque d’États soucieux de préserver leurs intérêts nationaux. Malgré tout, plusieurs chantiers propices à une coopération existent. À cet égard, le domaine spatial apparaît particulièrement intéressant en raison de son importance stratégique et des coûts croissants de développement des capacités. Mais derrière cette logique de besoin, l’européanisation de la politique spatiale dans le champ militaire ne va pas de soi. S’il peut sembler pertinent au premier abord de s’engager dans une telle approche, les conditions et les modalités doivent en être clairement définies et précisées à l’heure où la Commission européenne se penche sur le dossier.
Une nécessaire approche européenne
Dans un rapport commandé par la sous-commission sécurité et défense du Parlement européen publié en 2007, les auteurs identifiaient plusieurs champs d’action pour les Européens afin d’améliorer leurs capacités, aussi bien dans le domaine des télécommunications que dans celui du renseignement d’origine spatiale. Plus de trois ans après ce rapport, les carences restent inquiétantes. En Afghanistan par exemple, le guidage des drones français de type Harfang est réalisé grâce à la location de capacités à bord d’un satellite commercial, partagé avec certains grands médias internationaux.
Si les télécommunications jouent un rôle croissant dans les opérations militaires, l’importance de l’espace pour l’Europe renvoie également au besoin de connaître et d’anticiper. Dans un monde complexe, sujet aux bouleversements géopolitiques rapides sur fond d’incertitudes et de ruptures stratégiques, savoir est nécessaire. Des moyens d’observation spatiaux sont, par exemple, un outil de suivi de l’activité de sites industriels dans le cadre d’un contrôle de désarmement, les flux sur une frontière ou encore pour assister un État voisin dans la lutte contre le terrorisme. L’élargissement du champ d’action du Centre satellitaire de l’Union européenne, à Torrejon, en Espagne, témoigne du développement du recours à l’imagerie d’origine spatiale, sous l’effet de la conjonction des capacités disponibles et des besoins identifiés. De la surveillance des terres émergées, les analystes sont passés à celle des espaces maritimes en vue de la répression de la pollution marine (dégazage) et de la piraterie.
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