Le premier sommet entre la République populaire de Chine (RPC) et les États d’Afrique s’est tenu à Pékin du 3 au 5 novembre 2006, réunissant 48 délégations, dont 24 chefs d’État. Ce sommet marque le retour politique de la Chine sur le continent africain, après un certain repli politique au tout début du processus de sa modernisation lancée en 1978.
La Chine propose d’inscrire de façon durable les relations sino-africaines dans le cadre d’un partenariat stratégique global, qui accompagne une percée économique stratégique global, qui accompagne une percée économique spectaculaire en Afrique, et vient conclure un cycle commencé avec la publication du Livre blanc sur la politique africaine de la RPC (11 janvier 2006) et ponctué par une série de tournées de haut niveau (le ministre des Affaires étrangères Li Xhaoxing : Cap Vert, Libye, Sénégal, Mali, Libéria et Nigéria : le président Hu Jintao : Kenya et Nigeria ; et le Premier ministre Wen Jintao : Égypte, Ghana, Congo, Angola, Afrique du Sud, Tanzanie et Angola).
Dimensions politiques du partenariat stratégique Chine-Afrique (janvier 2007)
Nombre d’observateurs tendent à expliquer cet intérêt chinois pour le continent africain par les impératifs économiques et, surtout, énergétiques. Pourtant, les apports politiques de ce partenariat stratégique sont indéniables tant pour la RPC que pour les États africains. Pékin accroît sa présence internationale et ses partenaires africains bénéficient du soutien d’une puissance qui ne s’embarrasse pas de conditionnalités politiques exigeante. Ce rapport s’appuie à la fois sur une relation ancienne et sur des préoccupations actuelles partagées. Cette « nouvelle » politique africaine de la Chine s’inscrivant dans la continuité de son action diplomatique classique, il est utile d’en rappeler les prolégomènes politiques et historiques avant d’en analyser les fondements.
Fondements historiques et politiques de la stratégie chinoise en Afrique
Le partenariat entre la Chine et l’Afrique se fonde sur une relation ancienne, les horizons africains n’étant pas inconnus de la Chine ancienne (dynastie des Han) ; mais c’est à l’époque des premières indépendances africaines que ces relations prennent leur essor.
Une relation politique ancienne
Le lien sino-africain est initié avec la conférence de Bandung (1955), prolongée par celle de Belgrade (1961), qui jetèrent les fondements d’une relation durable entre les ex-pays colonisés du Sud. Il participe du mouvement des non-alignés qui a éclos à l’ombre de l’affrontement des deux blocs de la guerre froide. Réunissant des pays ayant subi le joug colonial ou une longue période d’occupation étrangère, cette relation s’est fondée sur une communauté de pensée marquée par le rejet de la logique de l’affrontement Est-Ouest.
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