Une circulation souterraine d’armes de guerre illégales, alimentée par des filières balkaniques, s’est progressivement établie en France. Bien que limitée, elle mine la sécurité de tous les citoyens et l’autorité de l’État. Mais de nouveaux circuits indirects pourraient résulter des désordres du « printemps arabe » et alimenter des bandes périurbaines constituées. Une nouvelle vigilance s’impose.
Trafic d’armes dans les banlieues françaises : enjeux de pouvoir et interconnexions criminelles
Arms dealing in the French suburbs: power struggles and criminal interconnections
Underground trafficking of illegal military weaponry, nourished by Balkan networks, has established itself progressively in France. Although limited, it undermines security for the citizen and the authority of the government. New indirect circuits may develop as a result of the ‘Arab Spring’ disorders, and feed the existing urban gangs. Greater vigilance is required.
De manière récurrente, l’actualité attire l’attention des téléspectateurs français sur les armes légères et de petit calibre, les ALPC dans le jargon, que l’on trouve dans les banlieues françaises ; elles sont présentées la plupart du temps comme des fusils d’assaut AK-47 Kalachnikov. Ces armes ont été produites par dizaines de millions durant la guerre froide de l’autre côté du rideau de fer. Si l’on ne retient de nos jours dans les médias que le nom d’AK-47, il est important de se rappeler que les versions de cette arme mythique sont pléthores (AKM, AK-74, AKMS, de nos jours AK-101…) et que les filières ont évolué selon les besoins opérationnels des armées du Pacte de Varsovie et des rébellions marxistes dans le monde.
Les événements de Roubaix en 1996, de Béziers en septembre 2001, de Nanterre en mars 2002 et de Marseille en novembre 2010 ont replacé sans cesse sur le devant de la scène ce trafic d’armes en provenance d’Europe de l’Est et des pays balkaniques. L’accent est désormais mis sur la lutte judiciaire contre ces filières clandestines. Il est absolument nécessaire de connaître leurs fondements géographiques et géopolitiques afin d’en faciliter leur localisation et leur évolution dans le temps et dans l’espace.
Deux décennies après la fin de la guerre froide, les armes légères d’Europe de l’Est arrivent régulièrement en France, mais il convient de ne pas en exagérer la portée — la majorité des armes illégales en France demeurent des fusils de chasse non déclarés ou des armes issues de la Seconde Guerre mondiale — même si le phénomène doit être réellement pris au sérieux.
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