L’examen de livres, récents ou non, sur la Russie et son histoire notamment guerrière permet de dégager des pistes sur sa capacité de résistance et d’engagement et de cerner des invariants de la posture stratégique de ce grand pays dont la destinée pourrait pencher vers l’Ouest.
Parmi les livres : la Russie revisite son passé
Back to the books: Russia looks at its past
A study of recent and not so recent books on Russia and its history, notably its military history, clears the way to understanding its capabilities for resistance and commitment, and to detect the constant features of the strategic posture of this great country, whose destiny could lean more towards the West.
La Russie, à la veille d’échéances électorales importantes (élections à la Douma d’État en décembre 2011, élections présidentielles en mars 2012), assume peu à peu son histoire où passé glorieux et sombres tragédies se côtoient presque constamment. Question qui ne concerne pas qu’elle seule mais nous aussi si nous entendons établir avec notre grande voisine des rapports étroits de coopération, comme le préconise Jean-Bernard Pinatel (Russie, Alliance vitale, préface d’Alain Lamassoure ; Choiseul, 2011, 174 pages).
Le 12 avril 2011, la Russie a célébré le 50e anniversaire du premier vol spatial de Youri Gagarine et le 22 juin le 70e anniversaire de l’agression allemande puis les vingt ans de la fin de l’URSS.
Combats pour l’histoire russe
François-Xavier Coquin, professeur au Collège de France, présente un recueil de ses articles, étalés sur trente-cinq ans. Il y abat bien des clichés et y combat bien des idées reçues. Le lecteur désireux d’approfondir cet aspect se référera au livre de Marc Belissa (La Russie mise en Lumière. Représentation et débats autour de la Russie dans la France du XVIIIe siècle ; Éditions Kimé, 2010, 246 pages), maître de conférences en histoire moderne, qui étudie les représentations et les usages de la Russie dans les débats intellectuels de la France des Lumières entre 1751 et 1789. Le regard que portaient alors les contemporains, Diderot, d’Alembert et des Encyclopédistes sur les marches de l’Europe reste toujours actuel. Où se situent les véritables frontières de la Russie ? Qu’est-ce que l’Europe ? Comment se définit la non-européanité ? François-Xavier Coquin rappelle que « toute compréhension de la Russie contemporaine passe par l’évocation de ce régime autocratique sans lequel l’histoire de la Russie ne se comprendrait pas. Héritiers de Byzance, les théologiens moscovites, invitaient le tsar à vivre et à gouverner ses sujets dans la crainte et l’amour de Dieu à la fois “terrible et miséricordieux” et à son service, de même les sujets du tsar, obéissaient à ce dernier “en conscience” comme à Dieu lui-même, à la fois par crainte et par amour ». Ce rapport du peuple au pouvoir perdurera bien au-delà de 1917. Cette autocratie de droit divin, véritable religion d’État, où la volonté du souverain faisait loi, ne saurait être assimilée à une tyrannie, ni davantage à un despotisme, dans la mesure où tous, du souverain au dernier sujet, se considèrent au service de la Sainte Russie orthodoxe.
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