Editorial
Éditorial
Les crises sont là, au quotidien : financières, budgétaires, bancaires… Elles affectent de plus en plus la vie pratique de nos concitoyens au point qu’une sinistrose ambiante les fait douter de l’avenir. C’est sans doute le moment, en cette période de réévaluation du cadre stratégique entreprise par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), de rappeler les atouts inaliénables de la France en matière de défense et de sécurité.
Par sa position géostratégique au cap occidental de la masse eurasiatique, elle est un pivot décisif de tous les grands enjeux continentaux, méditerranéens et atlantiques ; par ses territoires ultramarins, elle est engagée sur les cinq continents et aucune des logiques régionales ne lui est étrangère. Son environnement est structuré par des voisinages et des partenariats stratégiques qui vont de l’alliance, atlantique à l’union, européenne. Par sa capacité démontrée de maîtriser des projets industriels complexes (énergie pétrolière, nucléaire ; transport automobile, ferroviaire, aérien, spatial ; agroalimentaire…), elle vit la mondialisation avec des savoirs, des pratiques et des techniques éprouvés. Par la vitalité démographique continue qu’elle manifeste, elle se prépare à être l’une des plus fortes populations de l’Union européenne. Par son appareil militaire qui possède toujours des capacités opérationnelles décisives dans les domaines d’action des conflits modernes, elle sait engager des moyens pour la défense de ses intérêts, la promotion de ses valeurs et l’exercice de ses responsabilités dans la gouvernance mondiale. Par sa filière « armement » développée, à la technologie éprouvée, elle est à l’avant-garde des développements technico-opérationnels. Par la capacité opérationnelle de ses forces, la vaillance et le sens du service que manifestent ses militaires, elle dispose d’une réactivité politico-militaire avérée.
Que manque-t-il donc à cette panoplie somme toute rassurante pour enrayer un sentiment collectif d’insécurité et de déclin ? Sans doute d’abord la cohérence d’une posture solidaire d’un monde occidental hétérogène qui ne cesse de se déliter du fait d’expériences stratégiques divergentes et de manque d’intérêts communs suffisants. Sans doute la cohésion d’une communauté nationale qui disperse ses efforts dans des priorités contradictoires, prospérité, solidarité, justice sociale, sécurité, centralité étatique, déconcentration régionale… Cohésion fragile aussi du monde de la défense où la disette budgétaire annoncée suscite des réactions corporatistes, des réflexes défensifs et des compétitions larvées. Sans doute enfin, la culture de l’effort en matière de réflexion et de débat stratégique dont on admet trop vite en France qu’il est apaisé par le consensus qui y prévaut, tant les questions de défense sont sanctuarisées à l’écart de la compétition politique. Cohérence, cohésion, effort, trois exigences qui fondent la confiance et procurent ce sang-froid dont la France a besoin dans les crises systémiques qui affectent nos sociétés et celles de nos voisins provoquant plus d’incertitude individuelle que d’insécurité collective. ♦