Comme la plupart des acteurs internationaux, l’Union européenne a été surprise par les « printemps arabes ». Ses difficultés dans ce contexte, autant que ses velléités d’y être un acteur, sont porteuses de leçons utiles sur la capacité d’adaptation de l’UE au changement international.
L’Union européenne et le printemps arabe
The European Union and the Arab spring: an ill-suited adaptive power?
Like most international actors, the European Union was taken by surprise by the Arab spring. Its difficulties in this context, as well as its half-hearted efforts to become a player in it, provide useful insights into the ability of the Union to adapt to international change.
L’objet de cette contribution peut paraître prématuré : est-il possible de tirer des leçons ou enseignements des interventions et non interventions des Européens et de l’UE dans les différentes évolutions regroupées sous le vocable de révolutions arabes ou de printemps arabe ? Après tout, l’impact d’un acteur tiers sur un processus de changement interne à des États est toujours délicat à mesurer. Cette difficulté est encore accrue dès lors que le changement peut être considéré comme étant encore en cours, comme c’est le cas des formes et contenus des rénovations politiques, institutionnelles, économiques et sociales entamées en Tunisie, en Égypte, en Libye, et pourquoi pas dans l’avenir, en Syrie.
Analyser comment des acteurs tiers, dont l’UE, réagissent, agissent — ou pas — et selon quelles méthodes, est pourtant porteur d’éclairages utiles sur la nature politique de ces acteurs. L’attitude de l’UE vis-à-vis des printemps arabes mérite à ce titre attention, au risque de produire une analyse quelque peu européanocentrée, se concentrant sur les actions de l’UE plutôt que sur leur impact sur le terrain, et de reproduire ainsi un travers courant dans les analyses de l’action extérieure de l’Union. Elle révèle en effet un rapport au changement international ambivalent, associant ambition transformationnelle (*) revendiquée et inadaptation au changement international avéré de la diplomatie et des institutions européennes, paralysie initiale et précipitation désordonnée une fois le changement entériné par certains États membres.
L’UE, acteur incarnant et appelant le changement ?
L’UE est en elle-même un acteur international spécifique, novateur, dans sa nature comme dans son action internationale. Elle est a priori un acteur incarnant et appelant le changement.
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