Le monde se transforme sous nos yeux, l’imprévu est venu bouleverser nos certitudes. Depuis la stupéfaction devant l’effondrement du mur de Berlin en novembre 1989 jusqu’aux révolutions arabes de 2011, en passant par les attentats surprises de 2001 ou la crise financière mondiale de 2008, nous (re)découvrons ce que les experts appellent aujourd’hui la surprise stratégique, qui englobe la notion de crise. La crise marque une rupture au sein d’un processus, l’interruption des automatismes et des continuités, un « coup de théâtre » imprévisible. Mais elle est aussi un moment de vérité, un révélateur (cf. l’article de Myriam Revault d’Allonnnes, professeur des Universités, paru dans la revue Études en septembre 2011) : celui d’un monde beaucoup plus complexe et multiforme, fragile, apparemment « irrationnel », instable et peu prévisible, un monde qui nous déroute et se dévoile à nos yeux aveuglés par la croissance économique et l’apparente stabilité de l’équilibre bipolaire précédent.

La géopolitique issue du redécoupage du monde à l’occasion des grands traités de paix du XX^e siècle est désormais remise en cause, notamment dans l’arc de crise qui court de l’Afghanistan à l’Afrique du Nord : instabilité des régimes, crispations identitaires et religieuses, fractures sociales, génératrices potentielles de tous les dangers.

Dans ce contexte mouvant, les puissances politiques se reconfigurent : les grands pays émergents font valoir leurs ambitions mondiales ou régionales, les États-Unis entrent dans un nouveau partenariat multinational, l’Europe pacifiste piétine et peine à faire entendre sa voix malgré une position de première puissance économique mondiale.