Faire la guerre avec des robots n’est plus une fiction mais une perspective. Partant de l’axiome selon lequel la réflexion précède l’action, la thèse soutenue est que la réflexion sur les algorithmes déterminant le comportement individuel et collectif des robots doit précéder et alimenter la conception des engins en eux-mêmes. Corollaire de cette idée : la réflexion éthique doit être imbriquée dans la réflexion conceptuelle au sens large.
Prix Marcel Duval 2012 - La robotisation du champ de bataille (1/3) : vers un nouvel écosystème du combat
Robots on the battlefield 1: towards a new combat system
Conducting a war with robots is no longer in the realms of fiction but a real prospect. Starting from the axiom that thought precedes action, the thesis of this article is that consideration of the algorithms determining the individual and collective behaviour of robots must precede and inform the design of the devices themselves. The corollary of this idea is that ethical considerations must be incorporated into wider conceptual thinking on the subject.
Deux articles seront livrés ultérieurement, précisant les idées de l’auteur sur les caractéristiques majeures des robots de combat, ainsi que sur les évolutions tactiques et les risques éthiques à en attendre. Cette première analyse présente les grands choix de conception. L’ensemble constitue un dossier qui portera exclusivement sur les robots utilisés dans le combat terrestre.
Toute évolution technologique à un impact sur le champ de bataille, c’est là un fait historique aussi constant que la guerre. Ainsi, le fer a supplanté le bronze, puis l’acier a remplacé le fer. Le développement de la chimie a donné le feu grégeois puis les explosifs et, allié au développement de la métallurgie, il a conduit à l’invention des armes à feu. La mécanisation a éliminé le cheval du champ de bataille et ouvert le domaine aérien. On pourrait multiplier de tels exemples.
Aujourd’hui, la miniaturisation, l’informatisation et d’autres avancées technologiques permettent l’émergence de robots dont le nombre et les capacités semblent appelés à croître de façon exponentielle. Il ne s’agit donc pas de se demander si l’introduction des robots dans la bataille est souhaitable ou non, mais d’imaginer les délais et les circonstances de cette entrée en lice. Sans quoi nous risquerions une réédition de la querelle stérile des cavaliers et des tenants de la motorisation à l’issue de la Première Guerre mondiale. Nonobstant, reconnaître l’inévitable ne le rend pas forcément agréable. Le danger est évidemment d’écarter l’homme du champ de bataille. On pourrait imaginer qu’à terme, des robots totalement autonomes se feraient la guerre entre eux, pour le compte des humains mais hors de leur présence. Si c’est là l’avenir rêvé de la guerre, ce n’est pas celui de l’humanité. Toute réflexion sur la robotisation du champ de bataille doit conserver toujours présente, en filigrane, cette réserve conceptuelle et morale majeure.
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