Défense en France - Les premiers enseignements de l'opération Force alliée
MM. Xavier de Villepin, sénateur représentant les Français de l’étranger et Jean-Michel Boucheron, député, ont rendu publics le 5 juillet dernier deux rapports d’information sur les premiers enseignements de la guerre du Kosovo, respectivement au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat et de la commission des finances, de l’économie générale et du plan de l’Assemblée nationale. Les deux parlementaires soulignent l’ambition « nécessairement limitée » de leur étude, visant seulement à recenser « quelques-unes des principales questions posées par l’opération » et à apporter, sans délai, « une première série de réflexions à un débat important pour l’avenir de notre défense ».
S’ils notent, tous deux, la position propre à la France qui aura apporté la deuxième contribution aérienne, loin derrière les États-Unis, mais devant celle des autres Européens, ils n’en considèrent pas moins qu’il reste beaucoup à faire pour édifier une défense commune du Vieux Continent à partir, estime M. de Villepin, « d’éléments décisionnels efficaces et de moyens militaires crédibles », suffisants en tout cas pour agir avec l’Otan ou hors de l’Organisation atlantique. Si la France a tenu « plus que son rang » dans le dispositif « Force Alliée », la guerre aérienne du Kosovo a mis en évidence certaines limitations, voire des « insuffisances » dans la modernisation des équipements militaires de ses forces armées.
Les enseignements positifs
En premier lieu figure assurément le comportement exemplaire des soldats français qui, toutes armes confondues, ont fourni une nouvelle illustration de leur compétence, de leur détermination et de leur efficacité. En second lieu, la décision, prise en 1996, de professionnaliser nos forces s’est confirmée être un choix indispensable. Cependant, en 1999, « au milieu du gué », cet objectif comporte bien des écueils. « À mi-parcours, l’armée de terre est dans une situation délicate », écrit M. de Villepin. Il lui a été demandé de pouvoir « projeter » sans grand préavis, hors de la métropole, entre 17 000 et 20 000 professionnels aujourd’hui et 25 000 en 2002. D’ores et déjà, constate le sénateur, « l’armée de terre, avec 21 000 soldats de métier hors métropole, a dépassé la limite de ses capacités de projection au stade actuel de sa professionnalisation » (1). Ce niveau d’engagement pourrait nécessiter quelques aménagements du dispositif outre-mer et, s’il était maintenu très longtemps, serait susceptible d’avoir des conséquences préjudiciables sur l’entraînement des forces.
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