L'extinction des sentinelles éternelles, les mines antipersonnel
Depuis la fin de la guerre froide, un emploi nouveau a été assigné aux mines antipersonnel (MAP) : en plus de la guerre classique, ces dernières sont largement répandues dans des conflits civils afin de terrifier les populations locales et de perturber des régions entières. Les mines ne sont plus seulement utilisées pour affaiblir les capacités militaires de l’ennemi, mais également et surtout pour ébranler l’infrastructure économique et sociopolitique de l’adversaire. De ce point de vue, elles constituent davantage une arme politique qui terrorise la population civile qu’une arme strictement militaire.
La prolifération des mines antipersonnel
Entre 1980 et 1995, on estime que près de 65 millions de mines antipersonnel ont été posées. Les stocks sont tout aussi impressionnants ; par an, leur production atteint 5 millions d’exemplaires et leur rythme de déploiement est de 2 à 5 millions. Les tragédies humaines sont encore plus graves : 250 000 personnes tuées ou blessées tous les ans, dont la plupart (90 %) sont des civils et, pour un grand nombre, des enfants, alors que seulement « une centaine de milliers » de mines sont localisées et détruites chaque année.
Localisation et commerce des MAP
Sur plus de 100 millions de mines dispersées sur notre planète, le continent africain arrive au premier rang avec 44 millions, dont 23 millions pour l’Égypte (essentiellement dans le désert du Sinaï), 15 millions en Angola et 3 millions au Mozambique, sans oublier l’Érythrée, la Somalie et le Soudan. L’Asie arrive en seconde position avec 32 millions de mines abandonnées sur les terrains de guerre, dont 10 millions en Afghanistan, 8 à 10 millions au Cambodge, 10 millions en Chine et 3,5 millions au Vietnam. Arrive ensuite le Proche-Orient avec 26 millions de mines, dont 16 millions en Iran, 10 millions en Irak et 200 000 en Jordanie. En quatrième position, l’Europe compte 10 millions de mines, dont 3 à 6 millions en Bosnie-Herzégovine (1), 3 millions en Croatie et 1 million en Ukraine, sans oublier le Caucase et la Tchétchénie. Enfin, l’Amérique latine n’en compte plus que 240 000.
Il reste 92 % de l'article à lire
Plan de l'article