Extraits du dernier livre de l'auteur, lieutenant-colonel, Unconditional Surrender, (Faber and Faber, London, 1952).
Les deux portes de la Méditerranée
Sans aucun doute, les deux portes de la Méditerranée, Gibraltar et Suez, sont les points stratégiques les plus importants de tout le système de défense allié. Leur perte ne signifierait rien moins que la retraite des puissances occidentales au-delà du désert du Sahara. Malte, Chypre, l’Italie et la péninsule des Balkans, aussi bien que la Turquie, deviendraient des positions isolées sans importance stratégique particulière. La côte nord-africaine perdrait la plus grande partie de sa valeur. La flotte alliée serait obligée d’évacuer la Méditerranée et les liaisons avec le Sud asiatique devraient contourner l’Afrique. Les conséquences en sont aisées à prévoir.
La défense de Gibraltar est étroitement liée à celle de l’Europe occidentale ; elle peut s’appuyer sur l’Elbe, le Rhin, la Loire ou les Pyrénées. C’est dans cette intention que le pacte atlantique a pris naissance : une alliance qui jusqu’ici n’est qu’un plan et pour laquelle, comme s’il s’agissait de la construction d’un grand immeuble, il faudra de deux à cinq ans pour devenir une réalité. Est-ce que Moscou se tiendra tranquille pendant tout ce temps ? On sait très bien au Kremlin qu’une course aux armements ne se termine jamais.
Le général Franco affirme : « le pacte atlantique sans l’Espagne, c’est une omelette sans œuf ». Il semble que la politique occidentale maintienne ses sentiments hostiles envers l’Espagne, en refusant de l’admettre parmi les puissances atlantiques. Si cette attitude de nos hommes d’État est motivée par des raisons morales, « il faudrait peut-être alors leur rappeler que, pendant des années, la Russie communiste fut notre plus “courageuse alliée” ». Dans cet ordre d’idée, il est intéressant d’établir une comparaison entre l’attitude de l’Ouest envers le général Franco et celle adoptée avec le maréchal Tito. Lentement mais sûrement, la propagande occidentale travaille à introduire la Yougoslavie communiste dans la sphère des alliés pendant qu’on s’abstient de toute collaboration avec l’Espagne catholique. En laissant de côté ces problèmes politiques et en nous tournant vers les questions stratégiques, nous pouvons démontrer que l’Espagne, qui barre la route des Russes vers Gibraltar, est plus importante que la péninsule des Balkans.
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