Il est aujourd’hui légitime de s’interroger sur la capacité de la France à dépenser pour sa défense et sa sécurité autant qu’elle l’a fait par le passé, lorsqu’il s’agissait à la fois de défendre le territoire, les citoyens et les intérêts du pays, d’assumer ses valeurs, d’endosser ses responsabilités régionales et internationales et d’asseoir sa puissance et son statut. Certes toutes ces missions régaliennes sont une des raisons d’être de l’État que l’on retrouve à la base du contrat politique qui le lie au citoyen. Mais aujourd’hui les fragilités de la France ne sont-elles pas d’abord socio-économiques et ses vulnérabilités ne résident-elles pas plus dans le consensus social et la cohésion nationale que dans des menaces extérieures diffuses ?

Aussi est-il utile de s’interroger sur une autre formule, un autre contrat de sécurité à assigner à la politique publique de sécurité nationale, à la mission « défense nationale ». Infrastructures vitales du fonctionnement de l’État et de la prospérité du pays, la défense et la sécurité nationales doivent comme toutes les autres s’adapter à la conjoncture. Et les enjeux auxquels il faut faire face sont redoutables si l’on veut préserver l’essentiel de notre identité stratégique française qui est la liberté d’agir selon nos intérêts et de vivre selon nos valeurs.