L’année stratégique 2011 va se terminer pour les hommes et femmes de la défense avec la satisfaction professionnelle d’avoir fait face tant bien que mal aux nombreuses exigences requises par les engagements opérationnels de la France. Morts et blessés en resteront les héros souvent méconnus mais pas oubliés par une communauté de défense qui resserre aujourd’hui ses rangs. Adaptations logistiques, équipements réalisés pour des besoins immédiats, organisations artisanales et tactiques évolutives ont été les réponses pragmatiques apportées à l’urgence opérationnelle. La machine de défense de la France, en pleine réorganisation, a pu répondre présent aux besoins militaires du pays. Lire la suite

  p. 1-1

La crise financière souligne la nature des vulnérabilités françaises et européennes, plus économiques et sociales que militaires et sécuritaires. Aussi pourrait-il être salutaire d’aborder la prochaine législature avec une posture de défense et de sécurité renouvelée : retenue stratégique et système militaire compact. Lire les premières lignes

  p. 5-11

Dans ce texte complexe, l’auteur expose la quête sur l’avenir de l’humanité qu’il a entreprise il y a cinquante ans. Quête que les guerres rendaient impérieuse et que les rapides progrès de la science permettent de fonder sur les hasards et nécessités qui ont présidé à la construction de l’Univers. Quête qui procède de l’élucidation de la logique des rassemblements successifs, présidant aux émergences de la matière, de la vie et de l’homme, qui tendent vers la perfection d’un accord final. Cette quête inédite balise l’itinéraire singulier d’un chercheur inspiré. Lire les premières lignes

  p. 13-22

Combien de lieutenants, combien de capitaines
Étaient partis joyeux pour des courses lointaines
Et puis sont retournés pleins d’usage et raison
Vivre au pays natal leur dernière saison ! Lire la suite

  p. 30-30

Sécurité financière

La dure guerre financière actuelle montre comment les techniques de la guerre économique qui se sont développées depuis la fin de la guerre froide affectent aujourd’hui aussi les États. Au noeud de toutes les stratégies il y a l’information et l’influence ; à la clé de toutes les parades, il y a la protection qui doit être une démarche collective et déterminée. Lire les premières lignes

  p. 25-29

Le crédit qui fut le moteur du développement du monde occidental semble devenu un piège du fait d’une amplification démesurée et délictueuse de son emploi. Les dettes souveraines font capoter les États. États-Unis et Europe restent inégaux face à un désordre qui les frappe ensemble et qui exige un retour du politique dans la globalisation économique. Lire les premières lignes

  p. 31-32

L’échec du système monétaire international issu de la décomposition du système dit de Bretton Woods éclate au grand jour : crises économiques, guerres monétaires, prédations commerciales, délits systémiques. Les stratégies qui tentent de s’en accommoder sont-elles soutenables ? Lire les premières lignes

  p. 33-42

Dans le nouveau paysage que dessine la mondialisation, pointent des activités illicites qui se criminalisent et s’amplifient au point de constituer désormais des secteurs rivalisant avec les États et les opérateurs économiques mondiaux. Ici aussi les lois du marché et la financiarisation du crime agissent comme des révélateurs d’enjeux qui appellent une réponse collective face à cette menace de caractère stratégique. Lire les premières lignes

  p. 43-48

Résilience - Nom féminin emprunté à la métallurgie ou à la psychanalyse germanopratine, qui s’est infiltré, par la vertu du Livre blanc de juin 2008, dans les missions de l’armée française. Vient du latin resilire qui se traduit par « grand bond en arrière ». Le mot a le mérite de la concision, au prix d’une certaine perplexité de l’opinion. D’autant que résilience est toujours accouplé à sécurité, sans que la perplexité soit moindre devant une aporie aussi énorme, puisque c’est la faillite de celle-ci qui induirait celle-là. Le mot a surtout l’avantage de servir de cache-sexe à l’américanisation de la politique de défense, sécurité dite nationale et guerre relevant du même principe : de la Kapisa aux Tarterets, un seul front, un seul ennemi extérieur et intérieur. Comme à Hollywood. Lire les premières lignes

  p. 58-58

Évolution stratégique

La crise économique et financière accélère la recomposition du contexte stratégique international : poids relatif de l’Asie et des États-Unis, risque de marginalisation de l’Europe. Il en résulte de nouveaux défis pour notre pays. Nombre de constats effectués dans le Livre blanc en 2008 gardent leur pertinence mais doivent être complétés, notamment en ce qui concerne la répartition des rôles respectifs de l’Union européenne et de l’Otan, toutes deux à la croisée des chemins. Lire les premières lignes

  p. 49-57

L’épreuve afghane marque profondément l’Otan et pèse sur son avenir à l’échéance 2014. L’Alliance saura-t-elle rebondir avec une nouvelle raison d’être, qui pourrait être la défense antimissiles, antidote à la nécessité nucléaire ? Saura-t-elle cohabiter avec la nouvelle Russie, la nouvelle Turquie, une Union européenne qui désarme et qui doute ? Lire les premières lignes

  p. 59-66

l’Alliance atlantique, ne devrait pas se modifier sensiblement du fait des nombreuses échéances électorales à venir. La question afghane, la sécurité énergétique et la relation à la Chine resteront déterminantes et souligneront l’importance de l’ancrage russe à l’Ouest. Lire les premières lignes

  p. 67-70

La mondialisation semble avoir pris de cours une partie de l’Europe qui tarde à en percevoir les effets, notamment d’échelle, qui invalident les cadres géopolitiques antérieurs. Pour dépasser les surprises stratégiques et l’abstention qui les suscite, il faut sans doute faire preuve d’une plus grande créativité et se tenir prêt à saisir sa chance dans une mondialisation qui requiert une vraie capacité d’attente et une réelle disponibilité. Lire les premières lignes

  p. 71-76

Repères - Opinions - Débats

C’est une grande crise que connaît l’Occident, à l’égale de celle de 1929. Du fait de la dynamique néolibérale, cette crise de l’économie capitaliste déstabilise le monde et discrédite le modèle occidental dans son ensemble. Les graves menaces qui en résultent justifient des réformes profondes pour retrouver les racines communes d’une civilisation occidentale aujourd’hui dévoyée. Lire les premières lignes

  p. 79-84

La crise de l’euro et la convergence économique des pays de l’Eurozone inquiètent profondément un Royaume-Uni qui voit les perspectives ouvertes d’une zone européenne de libre-échange et la centralité de la place financière londonienne remises en question. Seuls remèdes, le Commonwealth et l’Anglosphere ? Le dépit britannique face à la convergence franco-allemande continentale est ici fortement marqué. Lire les premières lignes

  p. 85-89

Cette réflexion normative originale fait le lien entre l’apparition de la grammaire stratégique de la puissance nucléaire et celle de la puissance numérique. Elle montre les limites du parallèle entre guerre nucléaire et guerre numérique et esquisse les stratégies du combat dans le cyberespace. Lire les premières lignes

  p. 90-95

C’est par le rôle à jouer, la dimension, l’apparence, la mobilité et la furtivité requises que peuvent se définir les caractéristiques morphologiques des robots de combat sur le champ de bataille. L’auteur nous en livre une analyse saisissante. Lire les premières lignes

  p. 96-103

Les repères que fournit le diplomate Eugène Berg, chroniqueur fidèle de la revue, sont ceux des lectures savantes qui sont les siennes. Son érudition éclaire sur les arcanes permanents de la diplomatie et sur les trajectoires remarquables de spectateurs engagés qui ont traversé l’histoire de notre pays et vécu des moments clés de celle de l’Allemagne et de l’Afrique du Sud. Lire les premières lignes

  p. 104-108

L’auteur nous propose une réflexion grave sur la trajectoire historique du Kosovo dans l’espace balkanique. Il déplore que la normalisation serbe au sein de l’UE et le poids de la démographie dans la mosaïque yougoslave se soient conjugués pour priver la Serbie de ses racines culturelles. Lire les premières lignes

  p. 109-114

Le Tibet est aujourd’hui pour la Chine un espace autonome qui compte à la fois tant pour des raisons géostratégiques, comme château d’eau et gisement minier de l’Asie du Sud, que symboliques car inclu dans l’aire chinoise depuis toujours, il ne peut s’en différencier sans provoquer d’autres fissures dans l’édifice. Ainsi l’auteur explique l’intransigeance chinoise à l’égard de toute forme de sécession. Lire les premières lignes

  p. 115-120

Dans cette nouvelle livraison, l’auteur explore ce que révèle une approche holistique embrassant tout L’Art de la guerre du très cité Sun Tzu. Il propose de tirer profit de la culture chinoise et de sa symbolique particulière pour discerner sous l’aphorisme, la leçon générale qu’exprime l’auteur. Cette nouvelle façon d’aborder l’œuvre apporte bien des révélations utiles même si elle ne saurait en constituer l’unique clé de compréhension. Lire les premières lignes

  p. 121-125

Revues - Rapports

Un des principaux débats agitant la communauté spatiale depuis les origines concerne l’intérêt économique qu’il y a à envoyer des objets dans l’Espace. Pour certains, les vols spatiaux – notamment habités – gaspillent l’argent dont l’utilisation serait pourtant la bienvenue dans d’autres secteurs « terrestres » (environnement, éducation, programmes sociaux, etc.). Pour d’autres, les bénéfices liés aux activités spatiales, qu’ils soient directs (les emplois) ou indirects (les retombées technologiques), sont au contraire cruciaux. Lire les premières lignes

  p. 129-130

Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, jeune vendeur ambulant tunisien s’immole par le feu en place publique à Sidi Bouzid. Sa tentative de suicide déclenche le soulèvement du peuple tunisien contre le président Ben Ali. La « Révolution du Jasmin » est lancée. La vague de contestation s’étend à l’Égypte, à la Syrie, à la Libye, au Yémen, formant ce qu’on appelle depuis le « Printemps arabe ». Ainsi, un acte isolé, réputé imprévisible, bouleverse l’ordre géopolitique d’une partie du monde. Lire les premières lignes

  p. 130-131

Au cours de la période couverte par cette chronique (mai-octobre 2011), la situation stratégique en Asie s’est caractérisée par le dualisme : crises qui persistent et tensions qui se manifestent vont de pair avec dialogues ou tentatives de dialogues qui s’établissent ou se rétablissent mais qui parfois aussi, échouent. Lire les premières lignes

  p. 131-135

Le numéro de septembre 2011 de la Revista española de defensa consacre un dossier spécial au dixième anniversaire des attentats du 11 septembre, permettant ainsi de mieux saisir la position espagnole sur le terrorisme international d’origine islamiste. Cette position est d’autant plus importante que Madrid a été la cible directe du terrorisme djihadiste avec les attentats d’Atocha le 11 mars 2004 (11 M) qui firent 191 tués et des centaines de blessés et qui restent un traumatisme majeur pour la société espagnole. Pourtant, le risque terroriste n’était pas inconnu en Espagne. En effet, le pays a vécu plus de quarante ans avec la menace terroriste basque. L’ETA a en effet causé la mort de 829 victimes depuis 1968. La violence terroriste a donc été une réalité bien présente et vécue de façon dramatique, d’autant plus que l’organisation indépendantiste a sévi dans un pays devenu démocratique et qui a su résister à la tentation d’utiliser les forces armées pour venir à bout des etarras. De fait, la prégnance du terrorisme basque était telle que le gouvernement de José Maria Aznar a attribué à tort à l’ETA les carnages du 11 M dans les premières heures qui les ont suivis, alors que la réalité était tout autre. Lire les premières lignes

  p. 135-138

Recensions

Jean-Pierre Chevènement : Sortir la France de l’impasse  ; Fayard, 2011 ; 160 pages - Pierre Morisot

Nous sommes, comme chacun sait, en période préélectorale et de lancement des candidatures présidentielles. Ici, le titre de l’ouvrage est ambitieux, la parole ferme et musclée, le style concis et parfois percutant, les arguments solidement étayés. Rien d’étonnant de la part de l’auteur du Bêtisier de MaastrichtLire la suite

  p. 139-139

Philippe Pelletier : L’Extrême-Orient, l’invention d’une histoire et d’une géographie  ; Gallimard, Folio-histoire, 2011 ; 867 pages - Jean Esmein

Cet ouvrage porte la marque de profondes réflexions au service d’une érudition poussée. Il sera très considéré. Il invente une science de l’analyse des correspondances pour le vocabulaire géographique. L’objet du livre est l’invention de l’Extrême-Orient mais le travail est fait en examinant les intentions réciproques des Occidentaux et des peuples de l’Asie orientale telles qu’elles apparaissent dans leurs façons de nommer les lieux pour la partie du monde que ces derniers habitent. Lire la suite

  p. 140-142

Paul-François Paoli ne manque pas de toupet. Pensez donc, mettre en question l’égalité des sexes, évolution moderne que l’on considère comme un grand pas vers le bien de l’humanité ! Or ce changement-là, fût-il circonscrit à l’Occident, est une révolution à nulle autre pareille et dont on se garde bien d’observer les méfaits. Lire la suite

  p. 142-143

Revue Défense Nationale - Décembre 2011 - n° 745

The financial crisis underlines the real nature of French and European vulnerabilities, which are more economic and social than military and security-oriented. It might therefore be profitable to start the next parliament with a renewed defence and security posture, concentrating on strategic restraint and a more compact military structure.

In this complex article the author offers us his view of the future of humanity, a quest on which he first set out some fifty years ago. His task was informed by the inevitability of conflict, and its foundation was the rapid advances in science which gave an insight into the unpredictable events which have fashioned our universe. The quest enlarges on the logic of the chance encounters which resulted in the emergence of matter, of life and of humanity, and which point to the achievement of some final harmony. This unconventional approach marks the intellectual journey of an inspired researcher.

The current fraught financial climate demonstrates the extent to which the techniques of economic warfare developed since the end of the Cold War are today affecting nation states. At the centre of every strategy are the issues of intelligence and influence; and the key to every strategy is protection, which needs to be both collective and resolute.

Credit, the growth engine of the Western world, also seems to be leading to its ruin due to an explosion of disproportionate and criminal developments in its use. Sovereign debt is bringing down governments. Europe and the USA are unequal partners faced with a common disorder, which makes it essential to return to a common political approach to economic globalisation.

The failure of the international monetary system which emerged from the breaking down of the Bretton Woods Agreements has been sudden: the symptoms have been economic crises, monetary wars and predatory commerce. Are the strategies which attempt to adapt to this situation themselves sustainable?

Globalization has highlighted illicit activities which have transmuted into major international organized crime, and which have grown rapidly to the point of becoming economic realities which now compete with States and other major operators in the world economy. The realities of the marketplace and the massive growth in financial crime clearly show us the risks we face, and call for a collective response in the face of this strategic threat.

The economic and financial crisis is accelerating the recasting of the international strategic scene: the central elements are those of European strength relative to Asia and the United States, and the risk of European marginalisation. The result is some new challenges for our country. Many of the statements in the 2008 Livre Blanc remain relevant but need to be supplemented, notably those which define the respective roles of the EU and NATO. Both organizations are at a crossroads.

The Afghan adventure has marked NATO deeply, and weighs heavily on its future post-2014. Will the Alliance be in a position to re-invent itself with a new mission, per-haps the anti-missile defence antidote to nuclear necessity? Will NATO learn to co-exist with the new Russia, the new Turkey, and a European Union which is simultaneously disarming itself and uncertain of its future?

Russia’s strategic relationship with France, and more generally with Europe and the Atlantic Alliance, is unlikely to change significantly following the many elections in the near future. The Afghan question, energy security and the relationship with China will remain determining, and underline the importance of anchoring Russia to the West.

Globalization seems to have taken part of Europe by surprise: these countries have been tardy in appreciating some of its effects (notably that of scale) which have rendered previous geopolitical frameworks obsolete. If they are to overcome the effects of strategic surprise and the abstention which these arouse, they need to demonstrate more creativity, and be ready to seize their opportunities in a form of globalization which demands a real capability of waiting for the main chance, and a real predilection for action.

Opinions and Viewpoints

The West is experiencing its most serious crisis since 1929. Due to a neoliberal dynamic this crisis of economic capitalism is destabilising the world, and more generally discrediting the entire Western economic model. The grave threats which result justify the need for profound reform, in order to rediscover the common roots of a Western civilization which has lost its way.

The crisis of the euro currency, together with the economic convergence of thecountries of the Eurozone, is profoundly disquieting to the United Kingdom; it discerns potential threats both to a European free-trade zone, and to the vital national interest represented by the London financial market. Are its only alternatives the Commonwealth and the English-speaking world? There are strong British objections to continental Franco-German convergence.

This original study links the strategic language of nuclear power with that referring to digital power. It demonstrates the limits of the parallel between nuclear and digital war, and outlines some possible combat strategies for cyberspace.

The morphology of combat robots on the battlefield can be defined in terms of role played, dimension, appearance, mobility and stealth. The author gives us a fascinating analysis.

The diplomat Eugène Berg, a long-time contributor to RDN, shares some of his personal intellectual references with us. His erudition gives us an insight into the arcane world of diplomacy, and the remarkable careers of some of its dedicated servants who have marked the history of our country, and who lived through key moments in the histories of Germany and South Africa.

The author has produced a serious study of the history of Kosovo within its Balkan environment. He deplores the fact that the normalisation of relations with Serbia within the EU and the weight of demography within the mosaic of former Yugoslavia have combined to deprive Serbia of its cultural roots.

Tibet is today considered by China as an autonomous geostrategic space. There are many reasons why China could never relax its long-time grip on Tibet without running the risk of provoking further fissures in the State: among them are Tibet’s role as the fresh water supply of South Asia, and its mineral resources. The author explains Chinese intransigence when it is faced with the idea of any form of secession.

In this new submission, the author explores what is revealed by a holistic approach which includes the whole of Sun Tzu’s much quoted The Art of War. He takes advantage of Chinese culture and its special symbolism to discern, under the famous aphorisms, the more general lessons set out by its author. This new way of approaching the work offers some useful revelations, even if it cannot be considered the definitive key.

The strategic situation in Asia during the period covered by this report (May to October 2011), was marked by dualism: the persistent crises and tensions that are so evident occur side by side with dialogue, or attempts at dialogue, which have been started andrestarted yet have also often ended in failure.

Book reviews

Jean-Pierre Chevènement : Sortir la France de l’impasse  ; Fayard, 2011 ; 160 pages - Pierre Morisot

Philippe Pelletier : L’Extrême-Orient, l’invention d’une histoire et d’une géographie  ; Gallimard, Folio-histoire, 2011 ; 867 pages - Jean Esmein

Revue Défense Nationale - Décembre 2011 - n° 745

L’année stratégique 2011 va se terminer pour les hommes et femmes de la défense avec la satisfaction professionnelle d’avoir fait face tant bien que mal aux nombreuses exigences requises par les engagements opérationnels de la France. Morts et blessés en resteront les héros souvent méconnus mais pas oubliés par une communauté de défense qui resserre aujourd’hui ses rangs. Adaptations logistiques, équipements réalisés pour des besoins immédiats, organisations artisanales et tactiques évolutives ont été les réponses pragmatiques apportées à l’urgence opérationnelle. La machine de défense de la France, en pleine réorganisation, a pu répondre présent aux besoins militaires du pays.

Pourtant la crise systémique qui occupe le devant de la scène semble avoir maintenant des effets pervers sur la défense et la sécurité. Chacun s’inquiète de ses conséquences sur la posture militaire du pays. Quelles ressources pourra-t-on continuer à consacrer à cette mission centrale de l’État ? Faudra-t-il modifier le périmètre de nos responsabilités militaires ? Devra-t-on faire une énième contraction structurelle ? Voire un nouvel arbitrage entre protection sociale et protection sécuritaire. C’est dans l’expectative que cette année se termine.

Notre cadre stratégique se dégrade également comme le montrent les incertitudes dans lesquelles se débattent nos partenaires de l’eurozone et l’ambiance prérévolutionnaire qui agite nos voisins arabo-méditerranéens. Faut-il prioritairement renforcer la garde à la veille de troubles socio-économiques désormais inévitables dans l’espace eurasiatique ou au contraire doit-on appliquer la rigueur à la mission défense comme aux autres secteurs de responsabilité de l’État pour renforcer sa liberté d’action globale ? C’est la question implicitement posée aux responsables politiques qui briguent les suffrages des Français en 2012. Chacun voit bien que la réponse est difficile à apporter et que le choix tendanciel sera une nouvelle cure conservatoire d’austérité budgétaire, homothétique comme toujours depuis près de vingt ans, mais sans nouveau contrat de sécurité adapté aux enjeux actuels, faute de cadre lisible.

Nous sommes aussi confrontés à la complexité des temps actuels sous d’autres formes, celle que révèlent les découvertes scientifiques dont le rythme s’accélère, dans le domaine des sciences de la matière, des disciplines cognitives comme dans celui des sciences de la vie. La technique peine à suivre la science comme on l’a vu à Fukushima. Quel impact sur nos vulnérabilités, nos projets, nos priorités ? Il y a surtout cette question de la prévisibilité économique, celle qui établit la confiance, qui ne s’accommode pas de l’insécurité financière. C’est d’abord celle-ci qui est la cause des fortes tensions stratégiques. C’est cette insécurité financière qui redistribue la puissance sur la planète, met à l’épreuve les solidarités régionales et favorise les actions corrompues et criminelles qui minent et discréditent les États.

L’année 2011, financièrement troublée, pourrait finalement marquer un tournant important dans les questions de défense et de sécurité comme dans les questions européennes et méditerranéennes. Débattons-en. À bientôt, en 2012. ♦

Jean Dufourcq

Revue Défense Nationale - Décembre 2011 - n° 745

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