La dure guerre financière actuelle montre comment les techniques de la guerre économique qui se sont développées depuis la fin de la guerre froide affectent aujourd’hui aussi les États. Au noeud de toutes les stratégies il y a l’information et l’influence ; à la clé de toutes les parades, il y a la protection qui doit être une démarche collective et déterminée.
Tendances et évolutions récentes de la guerre économique
Trends and recent developments in economic warfare
The current fraught financial climate demonstrates the extent to which the techniques of economic warfare developed since the end of the Cold War are today affecting nation states. At the centre of every strategy are the issues of intelligence and influence; and the key to every strategy is protection, which needs to be both collective and resolute.
Depuis toujours la stratégie militaire a cherché à amplifier l’impact de son action ou à y contribuer par des opérations ciblées sur l’économique. L’encerclement des villes ou des châteaux, le blocus des ports ou des pays, le bombardement de centres industriels névralgiques ou des voies de communication, la destruction des lignes d’approvisionnement maritimes ou terrestres ont été utilisés pour mettre à genoux l’ennemi et l’amener à se rendre ou à négocier. De même, la conquête de territoires a souvent été menée pour permettre à l’agresseur de s’approprier des richesses économiques utiles à son développement tandis que leur perte aurait des conséquences majeures sur celui de la cible.
Depuis la fin du conflit idéologique Est-Ouest, la stratégie de puissance s’appuyant sur la supériorité et le volume des moyens militaires mis en œuvre montre clairement ses limites partout où elle est employée. Il est de plus en plus difficile de gagner des guerres asymétriques et surmédiatisées dans lesquelles la notion de juste cause est rarement acceptée par ceux qui en sont les spectateurs y compris dans les pays concernés. Le doute sur son efficacité et son utilité, les interrogations sur sa finalité et ses objectifs réels, les oppositions des groupes de pressions défenseurs d’une vision pacifique ou morale, rendent l’action difficile à conduire dans la durée. Par ailleurs l’incapacité pour la plupart des pays de pouvoir maintenir à un niveau satisfaisant leur outil de défense crée des failles obligeant à la mutualisation des moyens entre partenaires n’ayant pas forcément la même interprétation de la situation et les mêmes objectifs.
La guerre économique
C’est sur ce terreau que le concept de guerre économique, défini il y a vingt ans par Bernard Esambert, intéresse de plus en plus d’acteurs car il est peu coûteux et souvent efficace. Ses objectifs sont multiples puisqu’ils s’inscrivent dans un cadre chaque fois différent avec un niveau d’intensité variant en fonction de l’attaquant et de la cible. Ils peuvent concerner aussi bien un secteur géographique, une filière, des marchés, des réglementations, un groupe ou une entreprise que des fonctions spécifiques de celle-ci comme la recherche, la production, la commercialisation ou la partie financière.
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