Le crédit qui fut le moteur du développement du monde occidental semble devenu un piège du fait d’une amplification démesurée et délictueuse de son emploi. Les dettes souveraines font capoter les États. États-Unis et Europe restent inégaux face à un désordre qui les frappe ensemble et qui exige un retour du politique dans la globalisation économique.
Reconquête de la politique : impératif de la globalisation du XXIe siècle
Political reconquest: the imperative for globalization in the twenty-first century
Credit, the growth engine of the Western world, also seems to be leading to its ruin due to an explosion of disproportionate and criminal developments in its use. Sovereign debt is bringing down governments. Europe and the USA are unequal partners faced with a common disorder, which makes it essential to return to a common political approach to economic globalisation.
Le spectre du krach boursier a mis la globalisation à rude épreuve, sans toutefois ébranler ses fondamentaux. Notre monde devient de plus en plus minuscule, où tout est lié en temps réel. Il suffit qu’une agence de notation enlève un A à son évaluation de la dette américaine, quelques jours après la décision de l’Union européenne de « sauver » la Grèce, pour que la planète tout entière entre en ébullition et les marchés financiers, en proie à un instinct grégaire, s’enflamment instantanément à l’échelle mondiale.
Deux leçons clés s’imposent.
La première leçon révèle la crise historique de la notion de crédit au sein de la civilisation occidentale. Pour y voir plus clair, il faut remonter à la Renaissance, où le crédit est entré dans la vie des Européens, en leur permettant de se projeter dans l’avenir (pendant le Moyen-Âge, le crédit ne jouait pas un rôle moteur, étant concentré entre les mains des usuriers condamnés par l’Église). Depuis lors, pendant cinq siècles, cette formidable innovation fournissait à l’Occident un argument de son leadership global. Or, en ce début du nouveau millénaire, la capacité d’ouvrir un avenir par le biais du crédit semble avoir atteint ses limites. En prenant des crédits pour rembourser d’autres crédits, l’Occident a accumulé une telle avalanche de dettes qu’il se retrouve au bord de la banqueroute. L’avenir de l’Occident, dont une perspective magistrale était initialement tracée par le crédit, se heurte désormais à un mur des dettes produites par le même crédit. Un chef-d’œuvre de la créativité devient un cauchemar.
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