L’épreuve afghane marque profondément l’Otan et pèse sur son avenir à l’échéance 2014. L’Alliance saura-t-elle rebondir avec une nouvelle raison d’être, qui pourrait être la défense antimissiles, antidote à la nécessité nucléaire ? Saura-t-elle cohabiter avec la nouvelle Russie, la nouvelle Turquie, une Union européenne qui désarme et qui doute ?
L’Otan et les défis post-2014
NATO challenges post-2014
The Afghan adventure has marked NATO deeply, and weighs heavily on its future post-2014. Will the Alliance be in a position to re-invent itself with a new mission, per-haps the anti-missile defence antidote to nuclear necessity? Will NATO learn to co-exist with the new Russia, the new Turkey, and a European Union which is simultaneously disarming itself and uncertain of its future?
Si pour beaucoup de passionnés, 2014 signifie d’abord l’année du Mondial de football au Brésil, pays béni des dieux du ballon rond, l’Otan regarde cette échéance avec impatience mais aussi avec inquiétude. À cette date, les États-Unis se seront désengagés en grande partie du théâtre afghan, entraînant par là même le retrait des autres contingents de la coalition construite aux lendemains du 11 septembre 2001. Au grand soulagement de nombreux pays membres de l’Alliance atlantique mais aussi à la grande satisfaction des taliban qui auront alors le champ libre pour la conquête du pouvoir à Kaboul.
2014 sera donc une année charnière pour l’Otan, qui quittera certainement sans beaucoup de regret un théâtre où de nombreuses illusions occidentales se seront fracassées, à commencer par la croyance en l’hyperpuissance américaine et en sa technologie militaire capable de battre des rebelles barbus mal armés. Certes, celle-ci a fini par se venger du 11 septembre en éliminant au printemps de cette année Oussama Ben Laden. Mais, pour autant, le bilan des guerres en Irak et en Afghanistan a sonné le glas de la supériorité militaire occidentale face à un adversaire qualifié d’asymétrique. De plus, la crise économique amorcée en 2008 par la faillite de banques américaines et amplifiée depuis le printemps 2011 par la dette européenne a accéléré le processus de basculement du centre géoéconomique du monde vers l’Asie et les nouvelles puissances émergentes, tandis que le « Printemps arabe » remettait en cause le statu quo politique pour le maintien duquel l’Occident soutenait des régimes autoritaires incapables de répondre aux aspirations de leur population.
Dès lors la question est de savoir à quoi servira l’Alliance atlantique à l’issue de cette année charnière.
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