l’Alliance atlantique, ne devrait pas se modifier sensiblement du fait des nombreuses échéances électorales à venir. La question afghane, la sécurité énergétique et la relation à la Chine resteront déterminantes et souligneront l’importance de l’ancrage russe à l’Ouest.
La Russie dans le Livre blanc et après
Russia in the Livre Blanc, and beyond
Russia’s strategic relationship with France, and more generally with Europe and the Atlantic Alliance, is unlikely to change significantly following the many elections in the near future. The Afghan question, energy security and the relationship with China will remain determining, and underline the importance of anchoring Russia to the West.
Rendu public en juin 2008, le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale fait référence à plusieurs reprises à la Russie tant comme partenaire important face aux enjeux de sécurité que comme potentiel perturbateur. La Russie y est ainsi abordée selon plusieurs thématiques souvent liées : l’espace euro-atlantique, sa relation avec son environnement immédiat, l’approvisionnement énergétique et le marché mondial de l’armement.
Comment, depuis quelque quatre ans, une période qui coïncide avec la présidence de Dmitri Medvedev, la Russie a-t-elle agi dans ces domaines ? Quelles sont les perspectives de son action durant le prochain mandat présidentiel — passé de quatre à six ans — et qui, sauf surprise, devrait être exercé à nouveau par Vladimir Poutine, le premier tour devant se dérouler le 4 mars 2012 ?
Dans le Livre blanc français — mais il en est de même dans le nouveau concept stratégique de l’Otan de 2010 — la Russie apparaît autant comme un rival potentiel que comme un partenaire important et même essentiel dans la résolution d’un certain nombre de dossiers particulièrement chauds (p. 38, 83, 103) : de l’Afghanistan au trafic de stupéfiants et à la piraterie maritime en passant par la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Concernant l’Afghanistan, le relais russe est en effet indispensable à la coalition pour le maintien de ses bases en Kirghizie et, dans une moindre mesure, en Ouzbékistan où les États-Unis et l’Otan souhaiteraient revenir. Ces facilités, accordées par la Russie, répondent naturellement à son propre intérêt même si ses priorités ne coïncident pas nécessairement avec celles de la coalition. Outre la stabilisation de la situation en Afghanistan, les priorités de Moscou sont de deux ordres. D’une part, celle d’une répression du trafic de stupéfiants qui transitent par la Russie via notamment le Tadjikistan, d’où l’importance accordée à la surveillance de la frontière tadjike assurée par les gardes-frontières russes, et le reproche à la coalition de ne pas accorder suffisamment d’importance à la frontière septentrionale de l’Afghanistan, de ne concentrer son attention qu’aux zones de culture du pavot, à l’Est et au Sud du pays. D’autre part, Moscou reste particulièrement vigilante face au terrorisme islamiste en des termes parfois différents de ceux de l’Alliance, accusant souvent celle-ci de pratiquer une politique du « deux poids deux mesures » considérant qu’il y aurait un « bon » terrorisme (Tchétchène) et un « mauvais » (taliban). Cette question concerne également la Chine qui a des positions similaires à celles de Moscou notamment dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). La perspective d’une coopération entre l’OCS et l’Otan est souvent envisagée par Moscou et Pékin et pourrait répondre à la tendance récurrente de l’Alliance d’accorder une attention croissante aux partenariats, fût-ce au détriment de ses membres. C’est d’ailleurs dans ce même registre que la nouvelle doctrine militaire russe considère l’Alliance comme un partenaire nécessaire pour régler ces dossiers. Or l’Otan reste encore très circonspecte à l’égard d’éventuelles actions associant l’OCS voire le traité de sécurité collective (OTSC). Ce qui n’empêche pas la même doctrine de considérer la poursuite de l’élargissement de l’Otan à l’Est comme un risque d’encerclement mais pas au point d’être qualifié de menace.
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