L’auteur nous propose une réflexion grave sur la trajectoire historique du Kosovo dans l’espace balkanique. Il déplore que la normalisation serbe au sein de l’UE et le poids de la démographie dans la mosaïque yougoslave se soient conjugués pour priver la Serbie de ses racines culturelles.
Le Kosovo, les enjeux d’une défaite
Kosovo, the real cost of defeat
The author has produced a serious study of the history of Kosovo within its Balkan environment. He deplores the fact that the normalisation of relations with Serbia within the EU and the weight of demography within the mosaic of former Yugoslavia have combined to deprive Serbia of its cultural roots.
« Vae victis ». Même si cela n’a jamais été officiellement statué, la Serbie a perdu la guerre de 1999. À la suite du détachement du Monténégro en 2003, cette ancienne puissance des Balkans s’est retrouvée réduite à un pays enclavé et miné par des dissensions internes. En effet, le Kosovo-Métochie, berceau de l’orthodoxie serbe, est sur le point aujourd’hui de faire sécession. Après avoir brièvement rappelé le grand jeu géopolitique dont la Serbie a été le sujet depuis dix siècles, on reviendra sur l’étonnante continuité historique qui explique la situation actuelle du Kosovo, avec en particulier, l’ensemble des raisons qui font que les ingrédients nécessaires à sa séparation sont réunis. Enfin, on s’interrogera sur les conséquences de la défaite serbe à l’échelle régionale et internationale pour tenter d’en tirer un enseignement pour l’avenir de l’Europe.
De la Serbie dans les Balkans occidentaux
C’est au IXe siècle qu’émerge l’État serbe christianisé sous la direction de la dynastie Némanjide. Au XIIIe siècle, après une nécessaire unification des provinces, leur domination s’étend au Kosovo, carrefour stratégique, alors sous domination byzantine. Outre l’émergence de la puissance politique, militaire et artistique de la Serbie, le patriarcat de Pec, situé à l’Ouest de la Métochie, est fondé. L’Église orthodoxe serbe devient le pilier de la souveraineté au même titre que l’État dont la lignée des tsars comporte de nombreux saints. L’aigle bicéphale symbolise ainsi l’intégration de l’Église et de l’État.
Au XIVe siècle, l’empire serbe divisé en plusieurs principautés doit faire face à la pression conquérante ottomane. La célèbre bataille de Kosovo Polje de 1389, à 10 kilomètres à l’ouest de Pristina, est le symbole qui va attacher définitivement le Kosovo au patrimoine historique et spirituel serbe (1).
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