Défense en France - Renforcement de la fonction Anticipation stratégique
Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, jeune vendeur ambulant tunisien s’immole par le feu en place publique à Sidi Bouzid. Sa tentative de suicide déclenche le soulèvement du peuple tunisien contre le président Ben Ali. La « Révolution du Jasmin » est lancée. La vague de contestation s’étend à l’Égypte, à la Syrie, à la Libye, au Yémen, formant ce qu’on appelle depuis le « Printemps arabe ». Ainsi, un acte isolé, réputé imprévisible, bouleverse l’ordre géopolitique d’une partie du monde.
La politique étrangère française a récemment donné l’impression d’être désemparée par la vague de démocratisation sur la rive Sud de la Méditerranée. Notre réseau diplomatique a pu être mis en cause pour son manque de clairvoyance sur le devenir des peuples pourtant historiquement, culturellement et économiquement proche de notre pays.
Dans un environnement mouvant aux changements brutaux, la capacité d’anticipation constitue la première ligne de défense d’un pays et la meilleure garantie de la solidité des positions de sa politique étrangère. Le Livre blanc l’érigeait pour la première fois en fonction stratégique à part entière. Il jugeait que la démarche prospective devait être développée au sein de l’État, dans les universités et dans les milieux de défense et sécurité pour pouvoir anticiper la montée en puissance des risques et des menaces, évaluer les intérêts français et européens et orienter en temps utile les dispositifs de prévention et de réponse. Le Livre blanc formulait des recommandations pour renforcer cette fonction. Force est de constater que cette réforme jugée stratégique n’a pas été complètement effectuée, alors que celle du renseignement a été menée à bien.
Il reste 65 % de l'article à lire