Sortir la France de l’impasse
Sortir la France de l’impasse
Nous sommes, comme chacun sait, en période préélectorale et de lancement des candidatures présidentielles. Ici, le titre de l’ouvrage est ambitieux, la parole ferme et musclée, le style concis et parfois percutant, les arguments solidement étayés. Rien d’étonnant de la part de l’auteur du Bêtisier de Maastricht.
Autant dire que la lecture de ce petit livre ne pose pas de problème d’interprétation, quitte à rester libre ensuite de ses convictions et de ses choix. Le constat initial est sévère. Il ne saurait surprendre, dans la mesure où il est centré sur la crise bien actuelle d’une Europe sans limites géographiques nettes et sur une monnaie unique qui soulève nombre d’interrogations. À partir d’une idée généreuse, on est parvenu sans consultation réelle des peuples à la « négation des nations » et « tout s’est passé comme si la France avait transféré à Bruxelles la capitale qu’elle avait mis auparavant dix siècles à construire ». Nous nous trouvons désormais à la remorque d’une Allemagne où l’euro joue le rôle de mark-bis. Certes, des pistes sont ouvertes, supposant la redéfinition de la mission de la Banque centrale ou l’idée assez séduisante de la mutation de l’euro de monnaie unique en monnaie « commune » valable dans les transactions internationales. De toute façon, en bons jacobins, il importe que « les peuples reprennent le contrôle des marchés financiers » et que la France, solidaire mais non captive, ne soit pas réduite à la fonction de parc d’attractions ou de « musée d’une histoire révolue ».
Il faut donc balayer devant notre porte et nous libérer à cette occasion de la dictature d’élites « s’arrogeant le monopole de l’intelligence et de la morale » et de médias « imposant leurs grilles de lecture », afin de retrouver notre fierté et d’abandonner au passage l’« exercice malsain de la repentance ». Sur l’école, l’intégration, le statut de la femme, l’insécurité, les recommandations restent générales et conformes à l’attitude dite « de gauche ». Lorsque le discours devient plus précis, dans une partie en forme de programme électoral intitulé clairement « ce qu’on doit attendre du prochain président de la République », on notera une critique vive mais mesurée de l’action de l’actuel titulaire du poste ainsi que le regret de certaines « timidités » socialistes. La prise de position en faveur du nucléaire, « un des grands atouts de la France » et « éclatante réussite industrielle » chagrinera les Verts, jugés sympathiques mais à la poursuite d’une « illusoire modernité ». Sur beaucoup de sujets au total, un dépoussiérage sérieux serait à pratiquer et notre auteur se tient prêt sans modestie excessive à devenir acteur.
Il ne s’agit plus d’aller à Lang Son mais certains accents rappellent le temps où « le président du Conseil avait à cœur d’être aussi le ministre de l’Instruction publique ». ♦