La maîtresse de mon mari. Apologie des femmes de marin
Le titre est trompeur. La maîtresse, c’est évidemment la mer dont la femme dudit mari serait jalouse. On pourrait donc s’attendre à lire la prose de la femme d’un marin, l’une de celle dont il serait fait l’apologie.
Il n’en est rien, l’auteur est bien l’amiral Denis, qui par cet artifice se régale à tenir les deux rôles : le sien (ce n’est pas un roman, ni des Mémoires, mais un récit, celui de sa carrière) ; et celui soi-disant de sa femme (le texte est alors en italique) qui commente.
Apologie des femmes de marin, sans doute, et c’est bien à elles qu’est dédicacé ce livre : «… à toutes celles qui connaissent la solitude, gèrent la vie quotidienne, et méritent l’estime et l’admiration pour leur courage et leur force d’âme ». Mais c’est un portrait en creux de la femme qui se dessine progressivement, dans ses prétendues interventions.
L’amiral Denis est de la vieille école, celle où à l’École navale l’on forme d’abord des marins, avant d’en faire des militaires, puis des ingénieurs, et non pas l’inverse comme aujourd’hui ; celle où l’on forme des guerriers à l’École supérieure de guerre navale (ESGN), ce qui a quand même une autre allure que Collège interarmées de défense ! Tout au long de son récit, l’amiral nous dit son amour de la mer. Il aime la mer, il aime être en mer. Au point qu’on se demande si sa maîtresse n’est pas la Marine : la mer donc, les bâtiments qu’il a commandés et leur équipage, les hommes ; car il n’y a pas de femme en mer, sa place reste à terre !