L’égalité des chances et la lutte contre l’exclusion constituent un enjeu stratégique pour la cohésion et le dynamisme de notre société. À travers leur action d’intégration et de promotion sociale, les armées ont toujours joué un rôle essentiel dans ce domaine. « C’est même une exigence morale en démocratie, qui correspond à une tradition du rôle social des armées, dans la droite ligne tracée par nos grands anciens comme les maréchaux Lyautey et Galliéni » ⁽¹⁾.

Ce rapport, qui rassemble plus d’une centaine de témoignages, du jeune citoyen au membre de gouvernement, constitue une authentique cartographie de notre société. L’intérêt de ce sujet dont l’actualité intellectuelle et administrative est désormais évidente ⁽²⁾, tient surtout à une vision concrète de la cohésion sociale, qui conserve à la Défense un rôle pionnier dont pourraient s’inspirer un grand nombre d’administrations et la société en général.

Pour le nouveau chef d’état-major des armées, l’amiral Édouard Guillaud, la dynamique du recrutement des armées – entre 25 000 et 30 000 jeunes gens et jeunes filles par an – devrait perdurer malgré l’évolution probable du format de nos forces, ce qui constitue une chance pour notre pays. La conception des hauts responsables de la Défense et des Armées met en avant des engagements spécifiques à chaque culture et dont le point commun pourrait, notamment, être la méritocratie, à l’instar de l’exigeante devise de l’École nationale des sous-officiers d’active de l’Armée de terre : s’élever par l’effort ou encore, de la Marine, qui a vu reconnaître ses efforts en 2006 par la remise du trophée Comundi de l’emploi public pour l’insertion des jeunes en difficulté. L’Armée de l’air, quant à elle, appelle à une mobilisation générale pour cette belle et noble mission, créatrice d’un lien social fort et privilégié avec notre jeunesse, qui le mérite. Ainsi, depuis septembre 2007, le Plan Égalité des chances est venu renforcer une tradition sociale ancienne au sein du ministère de la Défense, au profit des jeunes les plus fragilisés.

Au total, les objectifs ont été atteints à 95 % et six grandes écoles de la Défense ont obtenu le label « Cordées de la réussite » du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Au bilan, environ 25 000 jeunes ont bénéficié en 2009 des différentes actions du plan « Égalité des chances ». « Ce chiffre montre que nous sommes sur la bonne voie », précise Frédéric Jonnet, chargé de mission pour le plan Égalité des chances.

Au-delà des chiffres et du bilan, l’originalité du rapport tient au fait qu’il donne largement la parole à la fois aux responsables et aux jeunes concernés. Pour un officier général, le vice-amiral Olivier Lajous, le plan Égalité des chances est partie intégrante de la politique des ressources humaines, fondée sur l’instauration d’un environnement social propice à des conditions de travail harmonieuses dans lesquelles chaque individu est respecté, responsabilisé, valorisé et encouragé à réaliser son potentiel.

Ce rapport, résolument vivant et agréable à lire, confortera sans doute les acteurs de la Défense dans cette tradition sociale aujourd’hui renforcée et suscitera peut-être, espérons-le, une plus large mobilisation, très au-delà de la sphère militaire naturelle, au sein des autres administrations, des entreprises et de la société civile.

(1) Selon le vice-amiral Gérard Valin, chargé de mission pour le plan Égalité des chances.
(2) Hors les murs, magazine des anciens élèves de l’ENA, « L’égalité des chances », juin 2009, 56 pages