Défense dans le monde - Vers une modification des relations stratégiques de l'Asie du Sud-Est
L’apparition de la crise asiatique en Asie du Sud-Est, à l’été 1997, a provoqué de multiples fractures dans la zone. La croissance économique que connaissaient les premiers fondateurs de l’Ansea (1) (Malaysia, Indonésie, Singapour, Thaïlande principalement et dans une moindre mesure les Philippines) s’est arrêtée brutalement et l’on a assisté à une forte recrudescence de l’instabilité intérieure dans ces pays.
Cette récession qui s’est alors abattue sur une Association étendue tout d’abord à Brunei (1984) puis au Vietnam (1995) a en effet eu d’importantes répercussions sur la situation économique, sociale, ethnique et religieuse, qui ont favorisé l’apparition d’un embryon de contestation politique jusque-là contenu par la priorité accordée à la croissance économique.
Le fait que cette crise survînt à un moment où l’Association était elle-même « fragilisée » par les transformations auxquelles elle procédait a amplifié le phénomène. En parvenant enfin à l’étendre aux derniers pays d’Asie du Sud-Est qui n’en faisaient toujours pas partie (Laos, Birmanie, Cambodge, en 1997 et 1999), l’Ansea atteignait enfin les buts politiques qu’elle s’était fixés dès sa création, plus de trente ans auparavant en 1967, mais elle allait également voir ses capacités de réaction amoindries. Plusieurs facteurs allaient influer en ce sens. Alors que le « dénominateur commun » qui unissait les cinq premiers membres de l’Association était particulièrement élevé (la stabilité régionale), celui-ci a eu tendance à diminuer au fur et à mesure que l’Association s’est élargie. Cette situation s’explique tant par les circonstances historiques que par les caractéristiques propres à chaque nouveau membre.
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