Cette chronique est la dernière de notre ami Bernard Guillerez qui a œuvré dans la revue pendant vingt-cinq ans. Journaliste professionnel, il a fait profiter nos lecteurs de son érudition, de son expérience, de son talent, de ses à-propos parfois caustiques mais toujours pleins de bon sens. Qu’il comprenne bien ici que nous le regrettons vivement et que nous lui adressons nos remerciements et nos amitiés.
Institutions internationales - Mondialisme et criminalité informatique - L'euro est-il une monnaie factice ? - L'Allemagne à l'affût d'une Europe fédérale
Le Web est devenu une institution internationale à tel point que Le Monde lui consacre un cahier spécial chaque semaine et tous les jours une chronique, alors qu’il n’agit pas de même pour les activités de l’Onu ou de tout autre organisme. Or, début mai, la Toile a connu des déboires qui affolèrent ses utilisateurs, mais peuvent apparaître comme la fable du mondialisme.
Mondialisme et criminalité informatique
I Love You : l’annonce n’était-elle pas séduisante ? Adressée à tout un chacun, Casanova ne s’y serait pas laissé prendre : il en alla différemment de nos internautes. Notre époque veut connaître et réagir en temps réel, foin de l’instant de réflexion ! Nos vignerons en savent plus sur le temps qui nous façonne, nous et le vin ! Nos cybernautes ont creusé un fossé culturel. Il existe désormais un hiatus entre la séduction de la technique, sa magie, et la perception du réel.
On assure que ce virus informatique aura coûté des sommes considérables. Les ministres du G 8, réunis à Paris à la mi-mai, s’en sont alarmés et font appel à la vigilance des sociétés privées. L’alerte ne date pourtant pas de ce printemps. En 1997 déjà, les mêmes responsables du G 8 s’étaient penchés sur la criminalité informatique en allant jusqu’à prévoir un « cyber-terrorisme » avec des attaques dirigées contre les systèmes de contrôle aérien ou des centrales nucléaires : à l’époque, l’ancien directeur de la CIA n’hésita pas à évoquer « un Pearl Harbour électronique ». Pour les États-Unis, la parade consistait en la création d’un Bureau international de la criminalité informatique, initiative que contestèrent les pays européens : le même scénario s’est reproduit cette année encore, mais alors qu’en 1997 Paris jugeait qu’il ne revenait pas au secteur privé de se substituer au pouvoir politique pour « désigner le point de rencontre entre expansion économique et intérêt public » (sic), cette fois tout le monde fait appel au secteur privé pour faire le ménage sur Internet. Chacun y a en effet intérêt.
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