Marine - "Composante frégate" : un projet novateur pour la Marine
Le renouvellement des frégates se fera, pour la décennie à venir, autour de deux axes : le programme Horizon pour les bâtiments à vocation antiaérienne et le projet « composante frégate » pour les autres unités.
Dans les dix prochaines années, la marine doit entreprendre le renouvellement d’une grande partie de ses frégates destinées aux missions de sûreté et de contrôle des espaces maritimes, à l’escorte du groupe aéronaval ou du groupe amphibie et, d’une façon générale, à l’ensemble des missions en haute mer ou à partir de la haute mer dans des opérations de projection.
Les bâtiments à vocation antiaérienne font l’objet du programme Horizon. Il est désormais nécessaire de prévoir celui de l’ensemble des autres frégates. Le nombre important de bâtiments concernés a justifié une conception globale tenant compte à la fois des nouvelles orientations de notre défense et de l’objectif de maîtrise des coûts. Cette vision novatrice fait l’objet du projet « composante frégate » que devrait entériner la future programmation.
Sur la base du modèle de « Marine 2015 », ce projet prévoit la construction d’une série de dix-sept frégates de haute mer. Sa réalisation s’appuie sur une véritable stratégie qui associe très étroitement, en amont, le besoin militaire et la logique financière et industrielle, en vue de garantir l’efficacité militaire et la maîtrise des coûts.
Des frégates multimissions
Selon notre stratégie de défense, ces frégates multimissions interviendront dans des opérations de prévention, mais également dans celles de projection et dans celles liées à la mise en œuvre de la force océanique stratégique. Elles assureront donc un large éventail de missions allant de l’escorte de haute mer à la maîtrise locale de l’espace aéromaritime, et couvriront deux domaines particuliers : l’action sous-marine et l’action vers la terre.
L’action vers la terre englobe des capacités d’appui et de soutien des opérations de projection : frappe dans la profondeur, appui-feu, recueil de renseignements, projection de forces spéciales, escorte de forces amphibies et de flux logistiques, maîtrise de la zone d’opérations maritimes, etc.
L’action sous-marine regroupe l’ensemble des opérations de lutte contre les sous-marins, opérations de zone ou d’escorte.
Vers une meilleure maîtrise des coûts
La maîtrise du coût de possession est un objectif majeur du programme. Cela impose de réduire simultanément le coût d’acquisition et celui d’exploitation des futures frégates.
La réduction du coût d’acquisition conduit à examiner en parallèle et en cohérence le besoin militaire et la logique industrielle et financière.
Les études réalisées depuis plusieurs années ont mis en évidence l’intérêt qu’il y a à dissocier la fonction « action vers la terre » (AVT) de la fonction « action sous-marine » (ASM) pour conserver à ces frégates un déplacement raisonnable compatible avec des capacités hauturières. Le projet « composante frégate » envisage donc de réaliser des frégates multimissions, certaines ayant la capacité d’action vers la terre (F-AVT), d’autres ayant celle d’action sous-marine (F-ASM).
L’analyse des capacités militaires communes requises pour chacune de ces versions et le nombre de bâtiments incitent à rechercher un effet de série pour réduire les coûts de développement et de réalisation des bâtiments. Les deux variantes seraient alors dérivées d’une même plate-forme propulsée dotée de fonctions de base communes : capacités antinavires, autodéfense, système de direction de combat, lanceurs polyvalents, conduite de la plate-forme, capacités porte-hélicoptères…
Les évolutions technologiques et industrielles laissent entrevoir de nouvelles possibilités de construction navale génératrices d’économies et assurant une qualité accrue. De nombreuses pistes de réduction des coûts sont dès lors envisagées, comme l’optimisation du processus industriel et de la politique d’achat. Elles conduisent à rechercher un rythme élevé de sortie des bâtiments.
La maîtrise des coûts impose aussi d’optimiser le coût d’exploitation des frégates. Les efforts porteront sur leur fonctionnement et leur maintien en conditions opérationnelles. Les améliorations technologiques envisageables, automatismes et informatisation, permettront de recentrer l’activité d’un équipage moins nombreux et professionnalisé sur les tâches militaires. L’architecture et les techniques retenues pour ces unités amélioreront leur disponibilité et faciliteront leur entretien en en limitant le coût. L’accent sera également mis sur la capacité évolutive des systèmes d’armes pour éviter les modernisations à mi-vie.
Une stratégie d’entreprise globale qui privilégie résolument l’avenir
Le projet « composante frégate » résulte de l’évolution de la conjoncture stratégique comme d’une analyse technique et financière, mais il relève aussi d’une stratégie d’entreprise globale qui privilégie résolument l’avenir au détriment du court terme.
Les premières unités de la « composante frégate » sont attendues pour 2008. Ce calendrier permet de s’affranchir de la modernisation des frégates actuellement en service, en particulier des frégates de type Georges Leygues, et de remplacer celles approchant les trente ans d’âge.
Ce projet repose sur la volonté d’optimiser l’emploi des ressources financières consacrées au renouvellement des bâtiments de surface et de concentrer l’énergie des états-majors, des services de programme et des industriels sur un projet majeur qui permettra de participer aux opérations futures avec des frégates adaptées aux exigences opérationnelles du XXIe siècle.
À moyen terme, les bâtiments de combat de surface de la force d’action navale seront le porte-avions, les bâtiments amphibies, les frégates antiaériennes Horizon, les frégates La Fayette et les frégates AVT et ASM issues de ce projet. On aura ainsi substitué aux sept classes de frégates actuellement en service, trois classes de bâtiments modernes bien adaptées aux nouveaux types d’emploi.
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Avec le programme « composante frégate », la marine dispose d’un vrai projet mobilisateur. Ce programme est mobilisateur pour la défense car il s’inscrit dans la logique de la contribution de la marine aux opérations interarmées et entre ainsi parfaitement dans la nouvelle stratégie « post-guerre froide ». Par son ambition, il est mobilisateur pour les marins comme pour les ingénieurs, les techniciens et ouvriers de la délégation générale pour l’armement. Enfin, par sa clarté, ce projet est mobilisateur pour les industries d’armement et de construction navale en ces périodes de restructuration. ♦