L'auteur montre la relance de la diplomatie russe dans la zone, l'étendant à l'Ouest de la Caspienne. La lutte contre le terrorisme permet à Vladimir Poutine de resserrer les liens de ces pays avec la Russie.
De l'Asie centrale au Guam : la relance de la diplomatie russe
Depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, la Russie a retrouvé son dynamisme. Elle déploie des efforts particulièrement importants dans l’espace anciennement soviétique, notamment dans la partie située au sud de ses frontières, de l’Ukraine à l’Ouzbékistan. Le successeur de Boris Eltsine semble là décidé à renverser la tendance qui prévalait à la fin des années 90. Dans cet espace que la Russie considère explicitement depuis l’éclatement de l’Union soviétique comme sa sphère naturelle d’influence, ses positions se sont beaucoup dégradées au cours de la dernière décennie. Au moment où Vladimir Poutine prend le pouvoir, elles sont très contestées. Le nouveau président de la Fédération de Russie semble d’emblée établir un lien entre le rétablissement de l’influence russe dans le monde en général et dans cette zone en particulier. Renouer avec la puissance suppose en effet de pouvoir compter, ce qui n’était plus le cas à la fin de la présidence de B. Eltsine, sur le soutien de ses partenaires de la Communauté des États indépendants. Ceux qui sont au sud des frontières de la Russie sont l’objet de toutes les attentions de Vladimir Poutine : ce sont ceux qui ont pris le plus de distance avec celle-ci et se sont regroupés à partir de 1997, au grand dam du Kremlin, au sein du Guuam, forum qui regroupe la Géorgie, l’Ukraine, l’Ouzbékistan, l’Azerbaïdjan et la Moldavie.
Les objectifs de Vladimir Poutine
Pour reprendre la main dans cette région, Vladimir Poutine ne cherche pas à s’appuyer en priorité sur la Communauté des États indépendants (CEI). Il continue certes à considérer celle-ci comme un instrument d’intégration de l’espace anciennement soviétique et à encourager une vie communautaire qui reste jalonnée de diverses réunions et décisions, l’une des plus marquantes étant celle prise le 10 octobre 2000 de transformer l’Union douanière en une Communauté économique eurasienne (rassemblant la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan) (1). Mais en même temps, il a clairement montré qu’il n’entendait plus miser sur une CEI moribonde depuis plusieurs années (2). En annonçant le 16 juin 2000 par la voie de Sergueï Ivanov, alors secrétaire du Conseil de Sécurité, son retrait de l’accord d’octobre 1992 sur la liberté de circulation à l’intérieur de l’espace anciennement soviétique, la Russie a porté un coup sévère à cette communauté (3), dont le même Sergueï Ivanov a peu après implicitement reconnu l’impuissance. En février 2001, il déclare en effet que l’objectif d’intégration ne paraissant pas réaliste à court terme, les dirigeants russes ont décidé de privilégier l’approche bilatérale dans leurs relations avec leurs partenaires de la Communauté (4).
Ce que cherche Vladimir Poutine, c’est à resserrer des liens qui se sont distendus ; c’est à obtenir de ses partenaires qu’ils ne soient ni des concurrents ni des menaces pour les intérêts de la Russie ; c’est en fait à retrouver des alliés sur la fidélité desquels le Kremlin pourrait compter, des alliés qui soutiendraient sa politique étrangère au lieu de soutenir, comme cela s’est produit à plusieurs reprises au fil des années 90, celle des États-Unis. La tâche s’avère ardue, les positions de la Russie s’étant beaucoup dégradées en Asie centrale comme en Transcaucasie et en Ukraine. En Asie centrale, le Tadjikistan (sur le sol duquel la Russie garde une importante présence militaire et qui la considère comme son « principal partenaire stratégique ») ainsi que le Kirghizstan, deux pays pauvres et vulnérables qui n’ont guère de marge de manœuvre, sont certes restés très proches de la Russie (5). En revanche, l’Ouzbékistan et le Turkménistan ont pris leurs distances. Le retrait en février 1999 de l’Ouzbékistan, ainsi que de l’Azerbaïdjan et de la Géorgie, du Pacte de sécurité de la CEI n’a fait que confirmer la volonté de ces pays de s’affranchir de l’autorité russe (6). Si la Russie veut arrêter l’érosion de ses positions dans ces pays, il lui faut réagir.
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