C’est la conjonction des calendriers politiques et sociaux plus qu’un effet domino lié au « Printemps arabe » qui explique le réformisme maghrébin actuel. Les partis islamistes qui en sont les acteurs principaux cherchent à maintenir l’équilibre entre leurs mentors du Golfe et leurs partenaires occidentaux, américains et européens. Pragmatisme et opportunisme dictent les reclassements en cours.
Un an après « le Printemps arabe » : bilan d’étape et nouveaux enjeux au Maghreb
The new African century: a different form of security
Drawing lessons from recent collapses of African dictatorships and external interventions, the author calls for a new African security posture founded upon statesmanship, public order, education and development, and on regional grouping of collective military assets.
Le Maghreb a vécu deux révolutions et deux changements de régimes. En Tunisie, la protestation populaire a suscité le départ de Zein al-Abidine Ben Ali. En Libye, l’insurrection populaire armée, soutenue par les frappes de l’Otan, a aboli la Jamahiriya. Ces faits majeurs peuvent avoir leurs effets sur les autres partenaires maghrébins. Fait important, l’élan islamique semble dominer la situation. Les élections tunisiennes (23 octobre) et marocaines (25 novembre) ont assuré la victoire des partis islamiques, assurant la prise de pouvoir par leurs leaders. En Libye, le Conseil de la révolution a annoncé l’institution de la charia, la loi religieuse.
Certains observateurs s’interrogent désormais : « Est-ce que le “Printemps arabe” se mue en automne islamiste ? ». Jerzy Buzek, président du Parlement européen se hasarde à évoquer l’émergence en Tunisie de la « démocratie musulmane », qui constituerait un modèle ! (Déclaration à Tunis, le 31 octobre 2011). S’agit-il d’un scénario régional ? Des intellectuels libéraux expriment leur inquiétude. Est-ce que la prise du pouvoir par des partis islamiques signifie l’établissement de régime théologique, par l’application de la charia ? Vu l’évolution générale, le journaliste algérien, Noureddine Khelassi, pose aussi cette question pertinente : « Un Maghreb démocratique est-il possible ? » (La Tribune, 24 septembre 2011). La nouvelle conjoncture définit de nouveaux enjeux : le Maghreb va-t-il vivre une ère de compromis ou une ère de rupture ?
Quels seraient enfin les effets de la nouvelle situation sur la construction du Maghreb et sur les réseaux d’alliances arabes, euroméditerranéens et internationaux ? Quelle serait l’influence des nouveaux pôles de l’ordre arabe, de ceux qui ont soutenu l’élan révolutionnaire dans le cadre d’un jeu de rôle renouvelé, de ceux qui ont préconisé un rapprochement entre les ailes orientales et occidentales, du Khalij (le Golfe) au Mouhit (l’océan Atlantique) selon l’expression consacrée ?
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