Maritime - Comment fut détruite la flotte japonaise - Après la capitulation nippone - L'activité de la Marine de guerre française - Le relèvement de la marine marchande française
La capitulation, signée le 2 septembre 1945 à bord du cuirassé Missouri, n’a pas fait disparaître tout l’intérêt que la lutte la plus gigantesque de l’histoire maritime avait donné au théâtre du Pacifique. Certes, les redditions japonaises se sont exécutées presque partout conformément aux plans prévus ; à peine convient-il de mentionner, pour nous en tenir aux bases navales, qu’après avoir pris possession de l’arsenal de Yokosuka dès le 30 août, les Américains ont occupé sans incidents Kagoshima le 4 septembre, Ominato dans l’île de Hokkaido le 8 et Sasébo le 22. La reddition officielle de l’île de Truk a été signée, d’autre part, le 2 septembre ; celle des îles Bonin et Palau le 3, celle de Wake le 5, celle de Rabaul le 6, celle des îles Riou-Kiou, encore entre les mains de l’ennemi, le 8. La flotte britannique des Indes orientales est entrée à Singapour le 3, cependant que des fusiliers-marins débarquaient à Penang et à Sabang. Mais, si les opérations de guerre ont cessé dans le Pacifique, l’histoire à son tour s’en empare : il n’est pas d’une mince utilité pour elle que les belligérants, se départant de la discrétion à laquelle les hostilités les avaient contraints, aient commencé de publier des documents jusqu’ici tenus secrets, et qu’en particulier l’état complet des pertes effroyables subies par la marine japonaise puisse dès à présent être établi.
Le voici, tel qu’il résulte de la confrontation d’une liste dressée par le département américain de la Marine, des renseignements fournis à Manille le 19 août 1945 par les premiers négociateurs envoyés au-devant du général MacArthur et d’un rapport présenté le 3 septembre par le ministre japonais de la Marine à la Diète impériale : du début de la guerre au 18 août 1945, 317 bâtiments de combat ont été coulés ou définitivement mis hors de combat, dont 11 cuirassés, 15 porte-avions et 4 porte-avions d’escorte, 16 croiseurs lourds et 20 légers, 126 destroyers et 125 sous-marins. D’après les émissaires japonais à Manille, la flotte ne comprenait plus, le 18 août, qu’un cuirassé endommagé (le Nagato), 4 porte-avions dont un désarmé et autant de croiseurs, tous plus ou moins gravement avariés sauf un croiseur intact, 38 destroyers et 51 sous-marins dont beaucoup endommagés. C’est dire que cette flotte avait pratiquement cessé d’exister, et que son corps de bataille en particulier était quasi anéanti. Si la bombe atomique n’avait pas précipité la capitulation du Japon, et qu’un débarquement fût devenu nécessaire, la marine nippone aurait été, pour sa part, hors d’état de le repousser, voire de le contrarier. Il n’est pas besoin d’insister sur l’importance d’une pareille constatation.
Plus explicite que les documents japonais, la liste publiée le 30 août par le département américain de la Marine nous renseigne avec exactitude sur les causes et les circonstances des pertes infligées à l’ennemi. C’est ainsi qu’il nous apprend que 98 unités ont été coulées ou mises hors de combat par des bâtiments de surface, 91 par des sous-marins, 86 par l’aviation, 15 par l’action combinée des diverses forces, 27 enfin par mines, explosions internes, etc. On ne manquera pas d’être frappé de la contribution importante apportée à ces destructions par les sous-marins alliés, dont le haut commandement avait à dessein dissimulé l’activité inlassable au cours de la guerre du Pacifique.
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